L’intelligence artificielle va-t-elle venir au secours de la culture ?

L’intelligence artificielle va-t-elle venir au secours de la culture ?
Culture et droits d'auteur

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Sans que l’on ne s’en aperçoive, l’intelligence artificielle se trouve partout. Dans la musique que l’on écoute, les articles que l’on lit, les moteurs de recherche qu’on utilise. Elle représente un futur porteur d’espoir pour l’humanité, tout en invitant à la nuance. Est-elle réellement au service de l’humain ? Peut-elle sauver le monde de la culture ?

Longtemps sujet d’œuvres de science-fiction, littéraires ou cinématographiques, l’intelligence artificielle est désormais une réalité. Tant et si bien que lorsqu’on la retrouve dans les romans ou films actuels, elle ne surprend plus. Que ce soit une compagne virtuelle dont on n’entendrait que la voix (Her, de Spike Jonze) ou un programme capable de soutenir des thèses scientifiques (Origine, de Dan Brown), tout rentre désormais dans le champ des possibles. On peut s’en effrayer, tout comme y voir une innovation qui sera utile et complémentaire dans la vie de tous les jours. Et notamment dans le domaine de la culture, qui manque de plus en plus de moyens pour se réinventer.

L’innovation au service de la culture.

On se souvient de la chanteuse virtuelle japonaise Hatsune Miru qui fit des tournées internationales et se produisit même au théâtre du Châtelet à Paris ou en première partie de Lady Gaga en 2014. On se souvient également d’Alys, autre chanteuse virtuelle, mais cette fois-ci 100% francophone et dont les créateurs souhaitaient qu’elle représente notre pays à l’Eurovision cette année. Ou encore, de l’ordinateur Flow Machines des laboratoires Sony, qui a créé des morceaux de musique pop inspirés des Beatles et qui doit d’ailleurs sortir un album prochainement. Virtualité et réalité font bon ménage et s’inspirent l’un de l’autre. C’est ce que vient également de prouver la comédienne et chanteuse américaine Taryn Southern qui vient de sortir une nouvelle chanson, Break Free, entièrement composée par un logiciel robot nommé Amper. Ce dernier est capable de créer n’importe quelle musique à partir des données que l’on y rentre.

Et l’écrit n’est pas en reste. Le Washington Post a recours depuis 2016 à une intelligence artificielle (ou IA), Heliograf, pour écrire certains de ses articles. Déjà plus de 800, traitant à la fois d’actualité politique ou sportive. Google envisage même de créer un service de rédaction composé par des robots et qui sera proposé à des agences de presse. Une question se pose alors : faut-il désormais inclure le virtuel et l’intelligence artificielle comme des acteurs purs et durs du monde culturel ?

Une conférence sur le sujet.

La question titille aussi les mastodontes du monde de la culture, à l’image du groupe Audiens, le groupe majeur de protection sociale des secteurs de la culture, de la communication et des médias. A travers CultureLab, son laboratoire dédiée à la transformation digitale, Audiens organise le lundi 13 novembre prochain une conférence dédiée aux interactions entre intelligence artificielle et culture, à son Café des Arts et des Lettres. Y seront présents des piliers de l’innovation et de la culture, comme Sandrine Cathelat, directrice des études de l’Observatoire NetExplo, Eric Scherer, directeur de l’innovation et de la Prospective pour France Télévisions ou encore l’auteur et compositeur André Manoukian, à qui on doit l’application numérique iMuze, service de composition de musiques à la demande pour des entreprises. « Transmettre (…), c’est être un lieu d’observation des mutations socio-économiques et technologiques de la culture, pour mieux valoriser la créativité » assure d’ailleurs à ce sujet Patrick Béziers, le directeur général d’Audiens.

L’IA sans danger ?

Sans que l’on s’en rende compte forcément, l’intelligence artificielle nous environne. Le géant Google, toujours lui, entraîne ses algorithmes à être au plus proche de l’humain, jour après jour. Par le biais des vidéos de Youtube, une base de données a ainsi été constituée pour recenser plus de 80 actions humaines quotidiennes. Facebook n’est pas en reste avec Deepface, son logiciel de reconnaissance faciale. Les émotions humaines sont ainsi décryptées par de nombreux services d’IA (les sociétés EasyRecrue et HireVue permettent par exemple, d’évaluer votre taux d’enthousiasme lors d’un entretien vidéo), quitte à aller trop loin (des chercheurs de Stanford auraient créé une IA capable de reconnaître l’homosexualité d’une personne en analysant son visage).

Mais si elle est une aide à la culture, elle est surtout une future manne financière. Les IA pourraient ainsi permettre des économies mondiales à l’échelle de 15 700 milliards de dollars en 2030, grâce à leur impact sur la consommation, les progrès de la médecine ou l’augmentation de la productivité. Fantasme ou réalité ? Si ces technologies du futur s’inscrivent déjà dans notre présent, pour certains scientifiques lanceurs d’alerte, comme Elon Musk de la Silicon Valley, il y aurait un véritable danger pour notre civilisation.

Mais qu’on se rassure, le cerveau humain reste encore et toujours le seul et véritable producteur d’une intelligence sans limite et sans lui, point d’intelligence artificielle. Pour le moment.