Les temps ont vraiment changé chez Microsoft : anciennement connu pour la fermeture de ses logiciels, le géant du web a décidé de se placer du coté du logiciel libre. Dernière étape en date : le passage d’une partie du SDK d’Azure Service Fabric sous open source. Retour sur une évolution stratégique majeure de ces dernières années.
Microsoft a longtemps été connu pour son refus d’ouvrir les codes de ses logiciels : la fermeture aux contributeurs extérieurs était même la marque de fabrique de l’entreprise. Mais voici plusieurs années que la firme de Redmond a pris le virage de l’open source : dès 2012 la société créait une filiale dédiée, Microsoft Open Technologie, et n’a depuis cessé d’ouvrir de plus en plus ses technologies. L’arrivée de Satya Nadella au poste de Directeur Général a accentué cette stratégie, avec un engagement marqué aux cotés de Linux et de l’open source en général.
De nombreux projets phare du groupe sont passés en open source. Parmi les plus marquants se trouvent l’éditeur de code multiplateformes Visual Studio Code, le système d’apprentissage et de reconnaissance vocale ou d’images Microsoft Cognitive Toolkit ou les deux langage de programmation P, spécialisé pour les système asynchrones, et F#, dans la programmation fonctionnelle. Microsoft a également conclu de nombreux accords avec des défenseurs du logiciel libre comme Docker, Red Hat ou Hortonworks.
Microsoft en première place des contributions aux projets open source
Cette évolution est si nette qu’en septembre 2016 GitHub, dans son rapport annuel, plaçait Microsoft en tête du classement de ses contributeurs. GitHub est, avec 6 millions de contributeurs, le réseau de développeurs le plus actif au monde : et sur l’année dernière, c’est bien la firme de Redmond qui avait connu le plus d’amélioration de ses logiciels open source par des utilisateurs de ce réseau.
Mais Microsoft vient de franchir une nouvelle étape en publiant, voici quelques jours, le code source d’une partie du SDK d’Azure Fabric Service, sa plateforme de gestion de cloud. Azure Fabric Service est une plateforme middleware qui permet de créer, gérer et déployer des microservices évolutifs et fiables dans le cloud.
Une invitation à contribuer à l’amélioration d’Azure Fabric Service
Microsoft propose à tous les développeurs de proposer des contributions pour améliorer la plateforme : ces contributions seront ensuite essayées par les développeurs de Microsoft pour vérifier leurs pertinences. Si elles sont validés par les décideurs de la société mère, ces contributions seront prises en compte dans les futures version du SDK, et publiées ensuite sur GitHub.
Cette ouverture est néanmoins partielle : l’environnement d’exécution de Service Fabric notamment restera fermé aux contributions extérieures. Cela s’explique aisément : Azur Service Fabric est utilisé depuis des années en interne par Microsoft, bien avant sa mise sur le marché, et il reste l’outil de gestion des applications cloud unique de l’entreprise.
La plateforme est ainsi partie prenante de l’ensemble des créations Microsoft dans ce domaine, et la firme avance qu’elle fait simplement preuve de prudence en limitant l’accès au code source de cette plateforme, notamment pour se prémunir contre d’éventuels piratages.
Une ouverture partielle, mais pas un projet open source limité
Il ne semble donc pas que cette initiative relève d’une volonté de faire d’Azur Service Fabric un open source limité, mais d’un choix de continuer de développer certains aspects fonctionnels en interne, par sécurité, avant de les rendre ouverts quand Microsoft le jugera opportun.
Pour l’heure, de nombreux aspects fondamentaux du SDK ont déjà été publiés : les Reliable Services, les Reliable Actors, le Service Remoting et l’intégration d’ASP.Net Core. De quoi laisser aux développeurs largement de quoi s’amuser.
Toute la communication de Microsoft autour de cette publication, cette conscience des limites de cette ouverture et cette volonté affichée d’améliorer la transparence de ses futures évolutions, prouve à quel point l’attitude de la firme de Redmont face au logiciel libre a radicalement évolué. Et c’est une excellente nouvelle pour l’avenir des logiciels au niveau mondial.