Inaugurée le 29 juin par le président Emmanuel Macron et Anne Hidalgo, Station F se présente comme le plus grand incubateur de start-up au monde, ayant l’objectif d’en accueillir plus de 1 000 en permanence. Le projet, pensé par Xavier Niel, est en effet colossal, mais que propose-t-il dans le détail ?
La Halle Freyssinet n’existe plus. Du moins sous ce nom : l’ancienne gare de la SNCF, dans le 13 ème arrondissement de Paris, ne servira plus pour les défilés de mode. Elle a au passage changé de nom, « Halle Freyssinet » étant parfaitement imprononçable pour un étranger. Désormais elle s’appelle « Station F ». Un nom international pour un projet d’incubateur qui l’est tout autant.
3 000 postes de travail sur 34 000 mètres carré
Xavier Niel, patron et créateur de Free, a imaginé ce projet et a trouvé les partenariats pour le réaliser : l’ancienne gare est devenue un espace de travail de plus de 34 000 mètres carré, ouvert 24h sur 24, 7 jours sur 7 et disposant de plus de 3 000 stations de travail en open space ainsi que de nombreuses salles de réunion. Cette « Station F » a vocation a devenir le plus grand incubateur de start-up au monde.
« Nous voulions à l’origine projeter cette ville dans un autre avenir qu’on nous prédisait, celle de ville musée. Nous inventons l’avenir ici » a déclaré Anne Hidalgo le jour de l’inauguration en grande pompe, aux cotés du président Emmanuel Macron, enthousiaste et ravi de la conjoncture qui lui offre cette inauguration à peine quinze jours après son discours sur la « France, start up nation ». « Bousculez notre pays, faites le changer pour longtemps, c’est autant votre devoir que le mien ! » a ainsi clamé le président.
Des start-up jeunes, sélectionnées par Station F ou les partenaires
Plus prosaïquement la Station F, en plus d’être une remarquable réussite architecturale, accueillera un millier de start-up, une centaine sélectionnée par l’équipe du lieu, les autres par les partenaires qui viendront y installer leurs propres incubateurs de start-up. Par exemple Vente Privée va y développer le premier accélérateur de start-up dédiées à la mode, HEC y déménager son incubateur sur place, les géants du numérique comme Facebook, Google ou Microsoft y installeront aussi des pôles de recherches.
Xavier Niel a souhaité que les start-up accueillies soient issues du monde du numérique, plutôt jeunes, avec un maximum fixés à 15 salariés, mais qui pour la plupart fonctionne avec une ou deux personnes : l’idée est d’aider et de proposer un environnement de travail et de rencontres à des jeunes pousses qui en ont vraiment besoin, pas de soutenir des licornes en devenir qui n’en ont aucun besoin.
« Nous offrons en outre un package complet. Les « start-upper » pourront rencontrer sur place des fonds d’investissement comme Daphi, Ventech ou encore Kima, des services publics liés à l’entreprenariat mais aussi des acteurs internationaux du numérique. » souligne Roxanne Varza, la jeune (32 ans) directrice de Station F.
Résidence payante ou gratuite pour les moins fortunés
L’incubateur accueillera les start-up selon deux modalités : la résidence classique, payante, coûtera 195 euros par mois pour louer l’espace de travail – un coût modique, les prix du marché parisien pour une telle offre sont entre 200 et 300 euros.
Mais certains entrepreneurs pourront bénéficier d’un accès dits « Fighter » (avec sur le site une belle image de Ryu période Super Nes pour les connaisseurs), gratuit, réservé à ceux qui ont vraiment besoin de ce programme et peuvent prouver qu’ils ont monté leurs entreprises sans être issus d’un milieu favorisé. Ce programme vise à égaliser les chances entre les « biens nés » et les autres.
Le site offrira dès 2018 d’appartements à Ivry-sur-Seine, pour loger jusqu’à 600 personnes à une dizaine de minutes en transport du site principal, renforçant l’aspect « campus » que veut se donner le lieu.
Relocaliser une partie de la Silicon Valley en France ?
Cette possibilité de se loger ouvrira réellement la possibilité d’accueillir des start-up étrangères, et pourquoi pas, comme Emmanuel Macron en a fait le vœu, de rapatrier ou délocaliser certaines start-up de la Silicon Valley ?
« La Silicon Valley est devenue moins attractive pour les start-up. Il est de plus en plus difficile de s’y installer, la vie sur place est devenue trop chère. Des Français installés sur place commencent également à revenir. Et désormais beaucoup d’entreprises réfléchissent sérieusement à quitter la Silicon Valley. » souligne Roxane Varza, qui sait de quoi elle parle : née à Pato Alto, où se trouve le siège de Google, elle a quitté les Etats-Unis pour faire ses études en Europe et en France, où elle a fini par travailler avec Xavier Niel qui lui a proposé ce poste. On souhaite à tous les futurs pensionnaires une réussite équivalente !