Créateur du Shadow, ce PC puissant situé dans le cloud, qui est pour l’heure une franche réussite, la start-up française Blade vient de boucler un tour de table de 51 millions d’euros. Objectifs avoués : développer ses data-centers, s’étendre à l’international, limiter le temps d’attente pour les nouveaux utilisateurs. La suite d’une success-story à la française.
Le 20 mars 2017, Blade livrait ses 3 000 premiers Shadow, cet ordinateur situé dans le cloud : Blade propose à ses utilisateurs un petit boitier, que l’on peut relier à un écran, un clavier, une souris et à une connexion Internet, si possible à haut débit (la fibre optique étant la meilleur solution).
Le boitier vous donne accès, pour un abonnement mensuel (aujourd’hui à 30 euros) à une machine complète située dans un data-center, performante, mise à jour et dédiée à un seul utilisateur. Le public visé est d’abord celui des gamers, mais aussi des professionnels exigeants, graphistes ou vidéastes.
Une levée de fonds record
Cette opération est une tel succès et les perspectives de développement si grandes que la start-up française, créée seulement en 2014, vient d’effectuer une seconde levée de fonds. Cet automne, Blade avait fait un tour de table de 13 millions d’euros ; aujourd’hui, il se monte à 51 millions d’euros, un record pour 2017 en France. L’entreprise, qui compte désormais une vingtaine de salariés, s‘est fixé trois objectifs avec cette somme.
Premier objectif : se développer à l’international
Le premier est sans doute le plus urgent : Blade veut se développer à l’international. Les marchés visés en priorité sont l’Allemagne et le Royaume-Uni, avant de s’implanter dans le reste de l’Europe et aux Etats-Unis. La start-up devrait ouvrir un bureau en Californie prochainement. En la matière, le timing sera capital : Blade sait que son expérimentation a été observée, la start-up a prouvé que ce système était viable puisque les retours des utilisateurs sont dans l’ensemble satisfaisants – quelques soucis d’affichage ont pu être relevés chez les joueurs les plus acharnés.
Le risque est qu’une entreprise disposant d’une puissance financière plus élevée se lance sur ce marché et le conquiert avant la jeune pousse qui en a eu l’idée. D’où l’importance de s’implanter vite dans les marchés clés, nos voisins spécialistes de la tech, puis les Etats-Unis.
Proposer un accès immédiat à Shadow
Le second objectif est d’abandonner dès que possible le principe de la précommande. Actuellement, 2 000 personnes ont souscrit un Shadow et attendent que leurs machines soient opérationnelles dans les data-centers pour recevoir leurs boitiers. Blade souhaite disposer des ressources matérielles pour avoir suffisamment de machines prêtes à l’avance, et pouvoir ainsi proposer un accès immédiat à Shadow. En clair, que le client qui souscrit à l’offre reçoivent son boitier dans la semaine plutôt que des mois après comme c’est le cas aujourd’hui.
Garder son avance technologique
Enfin Blade veut conserver son avance technologique, pour éviter, justement, de se faire doubler. La force de la start-up est de disposer d’un système de décompression des données mécanique et non logiciel, comme la plupart des fournisseurs de service cloud. Cela offre à Blade un traitement de l’information plus rapide, qui lui permet de proposer un ordinateur par utilisateur, sans partage de ressource.
Les mêmes investisseurs que pour les autres levées de fonds
Preuve que l’entreprise convainc ceux qui la soutiennent, cette nouvelle levée de fonds s’appuie essentiellement sur les investisseurs déjà présents, dont Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur de PriceMinister, Michaël Benabou, cofondateur de vente-privee.com et Nopporn Suppipat, fondateur de la start-up thaïlandaise Wind Energy Holding, aujourd’hui valorisée à près de 2 milliards de dollars. A ces investisseurs historiques se sont ajoutés des salariés de l’entreprise, des gamers pros et des influenceurs.
Pour autant les trois fondateurs de Blade restent aux commandes de l’entreprise, qui vise pour fin 2018 les 100 000 utilisateurs dans le monde. Cela signifie que Blade, dans les mois à venir, va devoir nouer des partenariats avec des gestionnaires de serveur ainsi que des opérateurs télécoms. Car, passer de 5 000 à 100 000 utilisateurs signifie une démultiplication des machines et des serveurs pour transmettre leurs données. Un objectif élevé, mais que la start-up doit atteindre si elle veut garder son avance.