Imaginé en 2013 par Elon Musk, l’hyperloop devrait nous faire voyager dans des capsules projetées à 1 200 km/h dans des tubes. Au lendemain d’un premier test grandeur nature réussi en Californie, où en est cette technologie et à quelle échéance sera-t-elle commercialisée ?
112 km/h sur une distance de 500 m. Nous sommes encore loin des 1 200 km/h sur des kilomètres, mais une étape décisive a sans doute été franchie par la société Hyperloop One, le 12 mai 2017, sur sa piste d’essai du désert du Nevada. Les progrès ont d’ailleurs été fulgurants, puisqu’en mai 2016, Hyperloop One se satisfaisait de faire bouger pendant deux secondes une structure en métal de 680 kg. Cette fois, il s’agit bien d’une capsule, dans un tube où un vide d’air a été obtenu.
Des capsules sur coussin d’air propulsées dans des tubes sous vide d’air
Ce nouveau test nous rapproche un peu plus du projet imaginé en 2013 par Elon Musk, le créateur de Tesla et de Spacex, et offert publiquement à qui voudrait le développer et le mettre en œuvre. Le principe de l’hyperloop est de faire voyager des capsules, transportant passagers ou marchandises, propulsées par un champ magnétique, dans un tube à basse pression sur des coussins d’air.
Les tubes seraient installés en hauteur, au-dessus des autoroutes, et les vitesses pourraient atteindre 1 200 km/h, ce qui permettrait de relier en quelques minutes des villes distantes de plusieurs kilomètres.
Hyperloop One, la plus en avance
Depuis la publication du concept, plusieurs sociétés s’en sont emparés pour développer des projets particuliers. La plus avancée est justement Hyperloop One, l’entreprise fondée en 2014 par Shervin Pishevar avec la bénédiction de son ami Elon Musk.
Installée à Los Angeles et bénéficiant du soutien de Barack Obama, elle a effectué, depuis sa création, des levées de fonds de plusieurs millions de dollars. Pishevar se satisfait de cette première réussite en condition et à échelle réelle : « En parvenant à vider complètement le tube de son air, nous avons d’une certaine façon réussi à créer notre propre ciel dans un tube, comme si vous voliez à 200 000 pieds d’altitude » a déclaré le fondateur d’Hyperloop One.
Ce test concluant en appelle d’autres, puisque la piste d’essai devrait être progressivement agrandie. En attendant, Hyperloop One peut se satisfaire de partenariats avec la Russie ou les Emirats Arabes Unis, et a déjà présenté son projet de 11 lignes pour les Etats-Unis, visant à relier par exemple Reno à Las Vegas en 42 minutes, Orlando à Miami en 25 minutes, Los Angles à San Diego en moins d’un quart d’heures ou Portland et Seattle en 17 minutes.
HTT, un concurrent installé en Europe
Dans le même temps, une autre société poursuit son développement : Hyperloop Transport Technology (HTT), bien qu’américaine, s’est installée en Europe, avec un centre de recherche et développement ouvert en janvier 2017 à Toulouse, un premier projet concret pour relier Bratislava à Vienne et Budapest, chiffré entre 200 et 300 millions de dollars.
Sa capsule devrait être opérationnelle en 2018, pour démarrer une phase de test à l’image de son concurrent Hyperloop One.
L’horizon 2022, un objectif trop ambitieux
Les industriels annoncent des mises en service à l’horizon 2020-2022, mais cet objectif semble bien ambitieux. D’abord parce que technologiquement l’hyperloop n’est pas encore au point, malgré le test concluant effectué par Hyperloop One. Ensuite parce que ce nouveau moyen de transport nécessitera forcément un cadre réglementaire avant toute construction, qu’il faudra ensuite trouver des financements, en partenariat avec les Etats, puis obtenir l’autorisation d’utiliser des terrains pour y planter les piliers métalliques supportant les hyperloop. Même dans un pays propriétaire de son réseau autoroutier et désirant le doubler avec un hyperloop, les démarches prendraient du temps.
Et une fois un projet mis sur place, vérifié technologiquement, financé et validé, resterait le temps de construction, incompressible. Même si cette technologie présente l’avantage, une fois mature, d’avoir un coût de construction réduit par rapport à tous les autres moyens de transports, il semble peu probable que quelques mois suffisent à mettre en place une ligne de plusieurs kilomètres.
Mais même s’il ne voit pas le jour aussi tôt, l’hyperloop a beaucoup d’atout à faire valoir, sa vitesse, son économie, sa dépense réduite en énergie (et exclusivement électrique). Le voyage dans des tubes en verre à très grande vitesse ne sera sans doute bientôt plus une simple image de science-fiction…