La cinquième édition de l’étude annuelle d’EY / France Digitale sur les start-up françaises nous apprend que l’innovation à la française se porte bien, avec une orientation vers l’international, une croissance viable et des emplois créés. L’écosystème français est en effet particulièrement efficace, entre les financements publics et les incubateurs de start-up. Une tendance qui ne devrait pas se ralentir avec la volonté du Président de la République de faire de notre pays une « Start-up Nation ».
EY vient de publier, pour la cinquième année, son étude commandée par France Numérique sur « La performance économique et sociale des start-up numérique en France ». Ce baromètre confirme, année après année, le dynamisme de ce secteur d’activité : les start-up du numérique ont vu leur chiffre d’affaire progresser, en moyenne, de 33% entre 2015 et 2016 – et cela concerne toutes les tailles d’entreprise, depuis la jeune pousse d’un ou deux salariés jusqu’au champion reconnu à l’international.
Une franche ouverture vers l’étranger
L’ouverture vers les marchés étrangers est une autre caractéristique des start-up françaises qui, là aussi, se renforce d’année en année. Au total, sur les sociétés interrogées, 54% du chiffre d’affaire est réalisé à l’étranger. Cela découle également d’un nouvelle tendance : de plus en plus de jeunes pousses s’ouvrent dès leur création (ou dès leur première levée de fonds) à l’international. Ainsi 35% des start-up françaises sont financés par au moins un groupe de capital-risque étranger. Preuve d’une expertise reconnue à la French Tech à l’international, et qui s’appuie sur d’éclatantes réussites récentes, comme Sigfox ou OVH.
En revanche, si les investisseurs étrangers financent largement les start-ups françaises, les fonds d’investissement français se montrent beaucoup plus timides à l’heure de soutenir des entreprises étrangères, ce que regrette Pierre-Eric Leibovici, fondateur du fonds Daphni : « Personne au niveau des fonds français n’a encore compris qu’il faut aller à l’international ».
Un écosystème fiable et efficace : incubateurs et soutien public
Pour autant, les start-up bénéficient largement d’un écosystème dynamique et favorable, et qui devrait le devenir encore plus avec les mesures et investissements annoncés par le gouvernement en terme de numérique et d’innovation. L’influence des accélérateurs et incubateurs de start-up ne cesse de s’affirmer – au point de devenir, et c’est une tendance récente, un passage presque obligé : « 55% des start-up de moins de 5 ans utilisent des incubateurs, et cela, c’est tout à fait nouveau ! » a déclaré Franck Sebag, de EY.
En revanche, le soutien public demeure une tendance lourde de l’écosystème français – et une vraie spécificité nationale : la plupart des start-up utilisent les différents avantages fiscaux mis en place par les autorités françaises. 72% des start-up ont bénéficié en 2016 du Crédit Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE), 56% du Crédit Impôt Recherche (CIR) et 52% du statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI), qui ouvre droit à des exonérations de charges et d’impôt.
Des start-up qui créent des emplois mais peinent à trouver de bons développeurs
Ainsi l’Etat soutient largement l’innovation à la française, qui le rend à la collectivité par un dynamisme qui ne se dément pas – notamment en matière d’emploi. En moyenne, chaque start-up créé 2,7 emplois en France et 1,2 emploi à l’international. Plus de 90% d’entre elles ont l’intention de recruter en 2017, et dans 9 cas sur 10 en CDI.
D’ailleurs la préoccupation et la limite numéro un des start-up de France n’ont pas changé : ce ne sont pas les idées ou leurs financements, mais bien les employés pour les mettre en œuvre qui manquent. « La vraie barrière, c’est celle du recrutement des talents avant la question du financement » explique Xavier Lorphelin, de Serena Capital.
En la matière, les développeurs restent les postes les plus ardemment recherchés, notamment ceux spécialisés dans les dernières technologies de pointe, Internet des Objets et Intelligence Artificielle : s’il existe bien un domaine, en France, où la demande en terme d’emploi dépasse largement l’offre, c’est bien celui-là. Certains recrutement à l’international s’expliquent aussi par la difficulté à trouver assez de développeurs compétents en France.