Intel et AMD s’allient pour développer un processeur haut de gamme

Intel et AMD s’allient pour développer un processeur haut de gamme
Innovation

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Les grandes manœuvres dans la guerre des microprocesseurs se poursuivent : ce lundi 6 novembre, Intel et AMD ont annoncé travailler de concert sur un processeur haut de gamme, annoncé pour courant 2018. Si ces deux concurrents historiques ont décidé de s’allier, c’est bien pour lutter contre un troisième larron, adversaire numéro 1 désigné d’Intel : Nvidia.

Si Intel reste leader mondial dans le domaine des processeurs et cartes graphiques équipant les PC, le constructeur sait bien que l’avenir n’est pas aux ordinateurs, dont les ventes ne cessent de chuter depuis plusieurs années. Persuadé que le grand marché des années à venir se situe dans l’Intelligence Artificielle, le Deep Learning et les cartes graphiques très haut de gamme, le constructeur entend se positionner sur ces secteurs où il est, clairement, un challenger.

La nouvelle stratégie d’Intel face au déclin des PC

Intel entend profiter de sa puissance actuelle, financière et stratégique, pour effacer dès que possible une partie de son retard. L’achat de Movidius était une première grande indication de la nouvelle orientation de la firme, ainsi que les 1,5 milliards d’achat d’Intel en droits de licence depuis 2011.

Une nouvelle étape a été franchie, ce lundi 6 novembre : Intel a annoncé avoir noué un partenariat avec AMD pour développer un processeur commun. Prévu pour le premier trimestre 2018, il s’agira d’une puce pour PC composée d’un processeur Intel et d’une carte graphique AMD.

Historiquement, Intel et AMD sont concurrents sur le marché des processeurs – ils le resteront d’ailleurs, en dépit de cette alliance. Mais ce projet, clairement voulu et piloté par Intel, vise un concurrent commun des deux firmes, qui est également le leader sur le marché des super-puces destinées à l’IA et au Deep Learning : Nvidia.

L’ennemi de mon ennemi est mon ami, ou Nvidia provoque l’alliance de deux concurrents

L’annonce par Nvidia, en mai de cette année, de la sortie de la Tesla V100, une puce surdimensionnée aux capacités hors du commun, a sonné comme un coup de massue dans le monde des fabricants de processeurs : oui, l’avance de Nvidia dans les puces haut de gamme destinées à l’IA est considérable. Car l’ensemble de l’offre de Nvidia est à l’image de son vaisseau amiral : en avance sur la concurrence. Dans le domaine des GPU (Graphics Processing Unit), seul Qualcom semble suivre le rythme.

« Le principal adversaire d’Intel semble être Nvidia en ce moment, car le fabricant de cartes graphiques a accéléré son activité dans les secteurs de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique, tout en continuant à fournir des cartes graphiques de pointe pour les ordinateurs grand public et d’entreprise » ont ainsi expliqué nos confrères de PC World.

Pourquoi un composant graphique AMD quand Intel domine ce marché ?

C’est dans cette optique que l’alliance entre AMD et Intel doit se comprendre. Ce contexte explique aussi la forme que prend cet accord : pourquoi Intel, leader mondial de la vente des cartes graphiques pour PC (70% de parts de marché tout de même!) irait-il construire un processeur pour PC dont il n’assurerait pas la partie graphique ?

La réponse est simple : dans le domaine graphique, Intel domine outrageusement le marché de l’entrée et du milieu de gamme, là où AMD est spécialiste des outils hauts de gamme, un segment où Intel souffre et que domine… Nvidia. Que l’alliance soit à l’initiative d’Intel n’a, de ce point de vue, rien d’étonnant, mais l’intérêt d’AMD est également visible : le constructeur s’offre le soutien d’un géant, qui pourra l’aider à imposer ses cartes graphiques et à soutenir la lutte avec ses autres concurrents.

Quel avenir pour cet accord ?

Reste à connaître les détails de cet accord, son ampleur et à quoi ressemblera le premier né de cette portée : les caractéristiques de ce futur processeur mi-Intel mi-AMD seront très attendues. La réaction de Nvidia le sera tout autant, car cette alliance a tout d’une déclaration de guerre frontale.

Au bout du compte, l’excellente nouvelle est que les services R&D de l’ensemble de ces firmes vont travailler à plein régime, pour nous offrir, au bout du compte, des produits toujours plus rapides et efficaces. Qui s’en plaindrait ?