Broadcom prêt à s’offrir Qualcomm pour 130 milliards de dollars

Broadcom prêt à s’offrir Qualcomm pour 130 milliards de dollars
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Concentration et guerre commerciale dans l’univers des fondeurs, nouvel épisode : Broadcom vient de lancer une OPA sur son concurrent Qualcomm. Objectif : unir deux spécialistes des puces et des processeurs aux actifs complémentaires. Ce qui produirait, au terme de la plus grosse acquisition de l’histoire de la technologie numérique, une entreprise numéro 3 sur ce marché en pleine explosion.

La numérisation mondiale est en pleine explosion, pour le bonheur des fondeurs : smartphones, objets connectés, ville intelligente, voitures autonomes, datacenters surdimensionnés, intelligence artificielle, deep learning – autant de technologies qui demandent des puces et processeurs sans cesse plus performants, miniaturisés et nombreux.

Un marché en pleine concentration

Dans un marché en pleine croissance et mutation, une guerre de position s’est mise en place entre les géants de ce domaine, pour récupérer, conserver ou conquérir la plus grosse part de cet immense gâteau. Les groupes les plus puissants sont lancés dans des opérations d’achat et d’alliance tous azimut, provoquant une phase de concentration.

La dernière annonce en date est une véritable bombe : Broadcom et Qualcomm sont deux concurrents historiques, mais dont les domaines d’expertise actuels sont globalement complémentaires. Broadcom est une entreprise américaine d’origine, mais désormais détenue par des fonds singapouriens, plutôt spécialisé dans les puces Wi-Fi, Bluetooth et Near Field Communication. Qualcomm, entreprise californienne, tire la plus grande part de ses revenus de ses processeurs Snapdragon et de ses puces 4G, qui équipent tous les iPhones et une majorité des smartphones Android haut de gamme.

Broadcom offre 70 dollars par action Qualcomm, soit 27,6% au-dessus de sa valeur

Le lundi 6 novembre, Broadcom a révélé qu’il proposait de racheter Qualcomm, en mettant 130 milliards de dollars sur la table, dette comprise. Il s’agirait , en cas de succès, de la plus grande opération d’acquisition de l’histoire du secteur numérique.

Broadcom propose aux actionnaires 70 dollars par titre, dont 60 en numéraire et 10 en action Broadcom, soit 27,6% au-dessus du cours de Qualcomm. Mais cette somme est jugée insuffisante par de nombreux analystes américains, qui estiment que l’offre sera repoussée pour faire monter les enchères.

Cette OPA prend place alors que Broadcom tente de finaliser l’achat de l’équipementier réseau Brocade Communications Systems pour un montant de 5,5 milliards de dollars, et Qualcomm celui de NXP Semiconductors pour près de 40 milliards de dollars – deux acquisitions en attente de validation des autorités de la concurrence, et dont l’issue est indépendante de cette nouvelle offre d’achat.

Profiter d’une conjoncture délicate pour Qualcomm

« Nous sommes prêts à engager immédiatement des discussions avec Qualcomm pour signer un accord définitif et terminer rapidement cette transaction », a ainsi déclaré Thomas Krause, le directeur financier de Broadcom. Pour convaincre les actionnaires, le groupe pourrait revoir à la hausse sa proposition.

Le fait est que Qualcomm est dans une situation délicate, dont entend profiter son concurrent, estimant le moment parfaitement choisi pour cette acquisition : malgré l’excellence reconnue de ses produits, Qualcomm subit actuellement une accumulation d’amendes pour abus de position dominante de ses processeurs Snapdragon, un peu partout dans le monde : 773 millions de dollars à Taiwan, 850 millions de dollars en Corée du Sud, 1 milliard de dollars en Chine ; l’entreprise est également visée par une procédure antitrust aux Etats-Unis.

Sa position est d’ailleurs fragilisée par la volonté des fabricants de smartphones de produire eux-mêmes leurs puces et processeurs : Apple pourrait renoncer aux puces 4G de Qualcomm, alors que Huawei, numéro 3 mondial du secteur, a décidé de fabriquer ses propres processeurs. En réaction, Qualcomm s’est lancé dans une diversification de ses activités, vers les secteurs de l’automobile, de l’Internet des objets ou de l’intelligence artificielle.

Négociation avec l’administration Trump

Si les actionnaires de Qualcomm finissent par accepter une offre de Broadcom, l’opération devra encore être validée par les autorités antitrust américaines. Hasard ou coïncidence, Hock Tan, le président de Broadcom, a rencontré Donald Trump le 2 novembre et a promis qu’il rapatrierait son domicile fiscal aux Etats-Unis…

Cette acquisition, si elle aboutit, donnerait naissance à un mastodonte des puces et processeur, qui s’installerait en troisième position du marché des semi-conducteurs, derrière Intel et Samsung. Le nouveau groupe serait surtout numéro 1 des puces de communication et processeurs pour terminaux mobiles et l’Internet des objets, deux secteurs clés de l’avenir des fondeurs.