Au Royaume-Uni, le combat de boxe McGregor – Mayweather a battu tous les records de diffusion illégale d’un événement sportif en streaming – parfois sur d’habiles contrefaçons de sites légaux. Et chaque stream illégal est une porte ouverte à la cybercriminalité. Si la législation britannique offre enfin des opportunités de riposte, il est temps que la France s’aligne sur cette sévérité. Le gouvernement semble déterminé en ce sens, mais il doit passer aux actes, et vite.
239 streams illégaux , pour un total de près de 3 millions de spectateurs, rien qu’au Royaume-Uni : le combat de boxe McGregor – Mayweather a battu de nouveaux records en terme de diffusion d’un événement sportif sur des sites de streaming illégaux.
Des sites illégaux… qui singent des offres légales
La plateforme de sécurité Irdeto s’est plongé sur ce médiatique événement afin d’analyser sa couverture par ces moyens illégaux mais populaires : 165 de ces streams étaient disponibles sur des réseaux sociaux, Facebook, Twitch et Periscope en tête.
Plus surprenant, l’étude révèle qu’un nombre important de sites illégaux se sont tellement professionnalisés qu’ils ressemblent désormais comme des gouttes d’eau à des sites légaux. Pas moins de 42 publicités ont été repérées, le jour du combat, vers des plateformes parfaitement illégales offrant une diffusion du match – et plusieurs de ces publicités étaient visibles sur des sites aussi légaux que populaires, comme Amazon, Ebay ou Alibaba.
Le fait est que tant les publicités que les sites incriminés avaient réellement l’apparence de plateformes légales : « La disponibilité du contenu est la clef, et cela a pu tromper des consommateurs qui ont choisi par inadvertance un service illégal au lieu d’un service légal » explique Irdeto.
La France également touchée
La boxe n’étant pas, en France, aussi populaire qu’outre-Manche, une même étude sur le combat n’aurait pas provoqué les mêmes résultats : mais des pirates pratiquent le même type de maquillage sur des sites diffusant du football, du rugby ou du basket… pour des effets équivalents partout dans le monde.
Le pire étant que, même sans le faire exprès, les internautes dans l’erreur demeurent exposés au risque de ces sites illégaux. Le moindre étant de générer des revenus publicitaires pour des bandits souvent liés à des mafias. Mais surfer sur un site de streaming sportif illégal, c’est prendre le risque de voir sa machine infectée.
Malware, ransonware, hameçonnage, exposition des mineurs à la pornographie
Une étude Hadopi de juin 2017 pointaient que 91% des consommateurs de streaming illégal affirmaient avoir suivi des « nuisances », allant jusqu’à l’infection par un malware ou un ransonware. La quasi-totalité de ces consommateurs avouent avoir été victime d’au moins une tentative de hameçonnage – tentative de récupération de mot de passe, ou d’identité numérique. Des pratiques qui peuvent aller jusqu’au vol de coordonnées bancaires ou l’usurpation d’identité !
Rappelons également que les publicités présentes sur les sites de streaming illégal mettent souvent en avant des sites pornographiques – ils sont en cela une des premières causes d’exposition involontaire des enfants à la pornographie, et l’un des fléaux que le gouvernement doit combattre s’il veut vraiment faire reculer la consommation pornographique par les mineurs.
Une solution britannique pour combattre le streaming sportif illégal
Des méthodes existent pourtant pour combattre le streaming illégal, notamment dans le domaine des événements sportifs. Au Royaume-Uni, concernant le football, une jurisprudence existe : les détenteurs des droits de la Premier League, première division de football anglais, ont obtenu des fournisseurs d’accès à Internet britanniques qu’ils bloquent immédiatement l’accès à tout site diffusant illégalement un match.
Le législation est efficace et réactive, le blocage du site est quasi-immédiat dès son signalement – il ne dure que la durée du match, et est suivi d’une enquête approfondie sur le site en question. La méthode est si efficace que l’UEFA, la fédération européenne de football, vient de l’étendre aux compétions européennes de club (Champions League et Europa League).
A quand un arsenal efficace en France également ?
En France, la législation interdit de telles pratiques, pourtant tout à fait efficaces. Mais la loi devrait évoluer, la prochaine version de Hadopi pourrait bien ouvrir quelques portes à une riposte efficace.
Le secrétaire d’Etat au numérique, Mounir Mahjoubi, semble en tout cas déterminé à combattre le streaming illégal. Rappelons qu’il a déclaré, en novembre 2017 : « Nous avons dans le piratage la création de véritables opérateurs et organisations mafieuses internationales qui mélangent à la fois les abus de droit d’auteurs, de pornographie et d’autres tactiques visant à se financer ».
De quoi doter la France d’un arsenal enfin efficace, à l’exemple de nos voisins britanniques ? On ne peut que le souhaiter.