Face à Google, les entreprises françaises du numérique contre-attaquent

Face à Google, les entreprises françaises du numérique contre-attaquent
Souveraineté numérique

SoLocal Mappy Christophe Boustouller

Une page est peut-être en train de se tourner. Alors que des scandales inédits ébranlent les géants américains du numérique, leurs concurrents français montent en puissance.

 

Le scandale des données personnelles qui touche Facebook depuis plusieurs semaines égratigne aussi Google. Lundi 9 avril, la plateforme YouTube (propriété du moteur de recherche) a été accusée par 23 associations américaines de collecter des données personnelles sur les enfants et de les utiliser pour cibler des publicités.

« Google amasse des informations sans informer au préalable les parents et il les utilise pour cibler des publicités vers les enfants partout sur Internet », dénoncent les associations de défense des droits numériques ayant saisi la Federal Trade Commission (FTC).

En France, la plateforme vidéo pourrait également se retrouver aux prises avec la justice. Une vidéo sur le prélèvement à la source, disponible sur le site de la Direction générale des finances publiques (DGFIP), permettait à Google de récolter des données de navigation des visiteurs du site et de faire un lien avec leur identité.

Pour le moteur de recherche, ces scandales arrivent au pire moment, alors que les opinions publiques européennes sont de plus en plus inquiètes, voire indignées, par le vol de données personnelles de millions d’utilisateurs de Facebook par la société Cambridge Analytica.

Mais le malheur des uns fait le bonheur des autres, et les sociétés européennes pourraient tirer profit des scandales qui ébranlent les géants américains du numérique. C’est notamment le cas de Mappy, leader français de la cartographie et du calcul d’itinéraire et concurrent direct de Google Maps.

 

Mappy, le plus connu, le plus répandu, le plus réputé

Entièrement remodelée, l’entreprise du groupe SoLocal, dirigé par Eric Boustouller, est décidée à retrouver le leadership perdu, en grande partie au profit de Google Maps. « Google est arrivé sur le marché et a bousculé le business model de pléthore d’acteurs du secteur (…) Ils ont, en quelque sorte, reformaté de manière radicale le marché à leur sauce », confie à Forbes France le directeur général de Mappy, Bruno Dachary.

Mais tout cela appartient au passé. Avec le lancement du premier comparateur de déplacement multimodal en octobre 2016, Mappy est revenue sur le devant de la scène. Avec 12 millions de visiteurs uniques chaque mois, soit près d’un internaute sur quatre qui utilise ses services, Mappy est l’alternative à GoogleMaps en France. Disponible sur web et applications mobiles (iOS et Android), le service place l’utilisateur au cœur d’un nouvel écosystème de mobilité et se voit proposer une offre de services « inédite, exhaustive et innovante ». Covoiturage, vélo, scooter et voiture en libre-service, voiture avec chauffer (VTC), train, avion… Mappy propose toutes les formes de mobilité. Grâce à des partenariats conclus avec BlaBlaCar, G7, Uber, Oui-SNCF, OuiBus, Transdev, IDF Mobilités, JCDecaux ou encore Autolib, la société du groupe SoLocal montre qu’elle a su anticiper la révolution à l’œuvre dans la mobilité et les transports et innover tout en restant « une marque patrimoniale que tout le monde connaît ».

La refonte de son application mobile vient souligner l’ambitieux objectif que Mappy s’est fixé : « devenir le référent national et premier comparateur de déplacements en France. Le plus connu, le plus répandu et le plus réputé ». La société compte pour cela sur le soutien du groupe SoLocal, qui se positionne comme le partenaire des entreprises françaises souhaitant accélérer leur transformation digitale, selon Eric Boustouller. La stratégie développée par Mappy semble payante, puisque l’application a obtenu le trophée d’or de la « Meilleure Stratégie Data », au G20 Strategy & management Summit, qui s’est tenu mi-mai à Paris.


Qwant, aucune donnée personnelle collectée

De son côté, le français Qwant devrait également profiter du scandale qui secoue Facebook et Google. Celui qui se présente comme le moteur de recherche « qui garantit la confidentialité des données de ses utilisateurs », a vu sa croissance passer de 20 % par mois à près de 20 % par jour en mars. Victime de son succès, le moteur a même subi la plus grosse panne de son histoire le 28 mars dernier. Il a été complètement inaccessible pendant plus de 3 heures. « Ces derniers jours, nos robots d’indexation sont allés bien au-delà de leurs capacités initiales. Ils indexent un milliard et demi de pages par jour, contre environ 200 000 auparavant. En parallèle, la croissance du nombre d’utilisateurs a, elle, été multipliée par 2,5 », souligne Eric Leandri, fondateur de Qwant.

L’anti-Google français, qui compte sur une infrastructure 100 % européenne, est « le seul moteur de recherche qui protège la vie privée de ses utilisateurs, en ne collectant strictement aucune donnée personnelle lors des recherches », ajoute Eric Leandri. Alors que les utilisateurs font de plus en plus attention à ce que deviennent leurs données, cela devrait permettre au moteur de recherche français de s’imposer comme une alternative au géant américain.