L’exposition non désirée des enfants et adolescents à des images violentes ou, surtout, pornographiques peut provoquer de graves troubles chez ces derniers. Pour lutter contre ce phénomène, notamment via les sites de streaming ou de téléchargement illégal, l’association Ennocence vient d’ouvrir une plateforme, BalanceTonSite.com, permettant de signaler les sites qui hébergent des contenus dangereux pour les plus jeunes.
Evidemment, le nom du site (BalanceTonSite.com) surfe sur une vague médiatique, et a tendance à assimiler des questions qui ne sont pas tout à fait de même nature (le harcèlement sexuel et l’exposition non voulue des mineurs à des contenus inappropriés). Mais il a le mérite d’être percutant et facile à retenir, et mettre en avant un fléau trop négligé par les autorités.
BalanceTonSite.com, pour signaler « images et vidéos pornographiques, jeux addictifs, invitation à un chat, escroquerie, etc. »
Le cheval de bataille de l’association Ennocence est la défense des enfants face aux images dangereuses, notamment pornographiques, qui pullulent sur Internet. Elle vient de créer une plateforme, BalanceTonSite.com, pour permettre aux particuliers, de manière anonyme, de signaler les contenus inappropriés repérés sur des sites Internet, notamment de streaming et de téléchargement. Le portail évoque une inquiétante litanie : « images et vidéos pornographiques, jeux addictifs, invitation à un chat, escroquerie, etc. ». Mais c’est bien la pornographie qui, aujourd’hui, pose le plus question.
L’association entend ainsi prendre le taureau par les cornes, et mettre la pression aux pouvoirs publics pour agir contre un fléau qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Le 11 avril dernier, une enquête révélait que 62 % des jeunes interrogés déclarent avoir vu leurs premières scènes pornographiques avant 15 ans, dont 20 % entre 11 et 12 ans, et même 11 % avant 11 ans. Plus de la moitié déclarent avoir été « choqués », d’autant que cette première exposition est le plus souvent involontaire. Une autre enquête détaille que 50% des adolescents n’avaient pas cherchés les contenus pornographique sur lesquels ils étaient tombés !
Premiers accusés : les sites de streaming et de téléchargement illégaux
Et la cause principale de cette exposition non désirée est à chercher du coté des sites de streaming et de téléchargement illégal, première cible visée par le site d’Ennoncence. En effet, ces sites illégaux tissent souvent des partenariats avec des sites pornographiques : et, dans la course au clic, les images des publicités sont de plus en plus « trash », augmentant le trauma pour les jeunes qui les découvrent par inadvertance.
« Être confronté à de telles images avant que la sexualité soit présente psychiquement peut créer des troubles (anxiété, troubles du sommeil), sur le moment ou plus tard, car les enfants en ressentent de la culpabilité », expose avec justesse la psychologue Marion Haza, experte auprès de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique. Les conséquences peuvent être « dramatiques chez certains enfants dans la construction de leur sexualité comme de leur rapport aux autres », dénonce Ennocence dans un communiqué.
Des conséquences « dramatiques chez certains enfants »
« Face à la passivité des acteurs du web, qui refusent la plupart du temps de déréférencer ou bloquer l’accès aux sites », l’association a donc créé BalanceTonSite.com. Le principe est simple : il suffit de rentrer l’URL du site contenant la publicité litigieuse et celle de ladite publicité, en joignant éventuellement une capture d’écran.
L’association mettra « à disposition du ministère (de la Culture, NDLR) ses listes de sites et contenus signalés », mais Ennocence a déjà entamé directement plusieurs actions en justice, contre des sites ou de régies publicitaires, hébergeurs, moteurs de recette ou annonceurs. Un site pornographique a ainsi accepté de retirer ses publicités des sites de streaming illégaux dès la réception d’une mise en demeure.
Une plateforme pour faire bouger les choses, et inciter les pouvoirs publics à agir vraiment !
Ces réussites ponctuelles sont encourageantes, mais un arsenal législatif plus complet est nécessaire pour pouvoir lutter efficacement contre ce fléau. Ennocence milite justement pour « permettre à la justice de se doter de moyens significativement plus puissants pour éradiquer ce fléau de manière efficace », afin que « le ministère public soit officiellement chargé des poursuites contre les sites exposant à des contenus dangereux ».
Cette initiative ne cache d’ailleurs pas que son but est d’inciter les pouvoirs publics à légiférer afin de sécuriser, enfin, la navigation Internet des plus jeunes.