Longtemps en concurrence avec les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), SoLocal entend désormais s’appuyer sur leur omniprésence pour dynamiser la puissance de son offre. Son maillage territorial devrait donc bénéficier à plein de la force de frappe des géants d’internet.
Les adversaires d’hier sont-ils en train de devenir des alliés de raison sur internet ? Longtemps en concurrence frontale sur la recherche locale de professionnels, SoLocal (qui possède entre autres PagesJaunes et Mappy) et les GAFAM ont finalement choisi la collaboration. SoLocal a en effet annoncé il y a quelques mois le renforcement de son partenariat avec Google dans le domaine de la publicité. Un virage présenté par son directeur en charge des données comme une adaptation, liée à « un constat de marché ».
Il faut dire que le duopole Google/Facebook, qui s’est encore renforcé ces dernières années, ne laissait guère de choix au fleuron français. Symbole de leur domination sur le marché de la publicité en ligne, les deux géants du web captent en 2018 79 % des investissements publicitaires en ligne (et 93 % sur mobile). L’alliance de SoLocal semble donc être un mariage de raison : le groupe fait le pari d’un effet de levier qui devrait lui être profitable.
Jouer sur l’atout territorial
SoLocal dispose de plusieurs atouts que même Google et Facebook envient : un maillage territorial important, l’accès à des petites et moyennes entreprises encore très peu connectées sur l’ensemble du territoire et une énorme base de données héritée des années fastes des annuaires. Préférant la synergie à la concurrence, le groupe entend désormais développer une offre de services numériques faciles d’accès, à la portée donc de dirigeants de petites et moyennes structures encore peu au fait des pratiques numériques.
Le partenariat signé avec Google est clef dans cette stratégie. Les entreprises se voient proposer un bouquet d’offres qui leur permet d’apparaître dans les recherches de clients potentiels. L’entreprise revendique plus de 20 000 campagnes mises en place au bénéfice de ses clients en 2017, permettant d’optimiser leur notoriété et leurs contacts.
SoLocal ne compte cependant pas s’arrêter en si bon chemin puisqu’il entend également parier sur les innovations du moment, comme l’émergence d’assistants vocaux. Le groupe a récemment déployé sur Amazon Alexa une « skill » (application réservée à l’assistant vocal) qui répertorie près de 1 200 activités référencées dans 10 000 villes françaises, permettant aux utilisateurs d’avoir accès à des informations sur les commerçants de proximité (coordonnées, horaires et avis des clients).
SoLocal se rêve en champion du numérique
Pour se donner les moyens de réussir ces partenariats, SoLocal est allé chercher des compétences clefs chez ses nouveaux partenaires. Éric Boustouller (ancien dirigeant de Microsoft France) a pris les rênes de l’ex-Pages Jaunes en 2017, pour contribuer à opérer sa transformation et son rapprochement avec les GAFAM. Assorti d’un comité exécutif « en cohérence avec ses valeurs : autour du client, de l’équipe et de l’audace », le nouveau directeur général entend mener à bien le plan « SoLocal 2020 », qui devrait transformer l’entreprise en « champion français du numérique ».
Pour ce faire, Éric Boustouller souhaite se concentrer sur son cœur de marché : les grands groupes constitués en réseau et, bien entendu, les TPE/PME auxquelles il se fait fort de donner de la visibilité grâce aux partenariats évoqués.
Cette stratégie a d’ailleurs été saluée par la Bourse au mois de juin, après l’annonce d’une association avec Facebook France pour proposer des offres publicitaires à destination des TPE/PME. Pour l’heure, la stratégie semble plaire aux investisseurs : au lendemain de l’annonce, le 18 juin, le titre SoLocal a connu un bond de 4%.
Sarah Perrault