Linus Thorvald, créateur de Linux, vient de se retirer temporairement de la communauté de développeurs du système d’exploitation libre, conscient que son comportement agressif était loin d’être irréprochable. La communauté a depuis mis en place un code de bon comportement, immédiatement mis en cause par certains utilisateurs, qui craignent une politisation et une récupération par les Social Justice Warriors.
Avis d’orage sur la communauté Linux ! Ce lundi 17 septembre, Linus Thorvalds, le créateur de Linux, a décidé de faire une pause dans son travail sur le noyau du logiciel libre. En cause : son agressivité envers d’autres développeurs, ses coups de colère, des emails en forme d’attaques « désinvoltes » et « personnelles », selon ses propres mots.
Le mea culpa de Linus Thorvald
« Je dois modifier certains de mes comportements et je tiens à m’excuser auprès des gens que mon comportement personnel a blessé et peut-être totalement détourné du développement du noyau » a déclaré Linus Thorvalds, dans une note diffusée sur la liste de diffusion du noyau Linux. Thorvalds envisage de travailler sur la gestion de ses émotions, et de revenir quand il se sentira prêt.
La communauté a, dans son ensemble, compris la décision du père de Linux, et a même salué sa sincérité : « Il est facile d’oublier que Linux a été lancé par un jeune Finlandais discret dans son dortoir universitaire. Il est important de se rappeler que ce n’est pas parce que Linux a évolué avec élégance que Linus lui n’a pas su le faire. Il n’est pas une base de code, mais un être humain et les bugs sont plus difficiles à repérer et à réparer chez les humains » a témoigné Jono Bacon, un consultant en stratégie communautaire.
Un code de bonne conduite pour la communauté Linux
Ce tonitruant départ a également provoqué la mise en place, par la communauté Linux, et pour la première fois, d’un code de conduite. Il commence par une véritable profession de fois contre toute forme de discrimination : « Afin de favoriser un environnement ouvert et accueillant, nous, en tant que contributeurs et responsables, nous engageons à faire de la participation à notre projet et notre communauté une expérience exempte pour tous de harcèlement, indépendamment de l’âge, de la taille, du handicap, de l’appartenance ethnique, de l’identité de genre et expression, du niveau d’expérience, de l’éducation, du statut socioéconomique, de la nationalité, apparence personnelle, race, religion ou identité sexuelle et orientation ».
Pour autant, ce code de conduite est loin de faire l’unanimité. Si, sur la liste de diffusion du noyau Linux, aucun débordement n’a été observé, en revanche, sur Twitter et Reddit, une virulente fronde se dresse contre ces principes déontologiques.
La crainte d’une récupération par les SJW
Le risque que pointent les contributeurs est une dérive de la communauté Linux vers une politisation ou une récupération par les Social Justice Warriors (SJW), ces ayatollahs du politiquement correct, toujours prompts à dénoncer le moindre mot ou commentaire qui risquerait de froisser une minorité. Or, Linux, sous le patronage de Linus Thorvald, a été habitué à une liberté de ton qui tranche avec le rigorisme de ces combattants de la justice sociale.
Toute la difficulté, pour la communauté Linux, va consister à naviguer entre ces deux extrêmes. Abandonner les attaques personnelles et la violence verbales dont abusait Linus Thorvald, mais sans basculer dans une chasse aux sorcières systématique, à la moindre plaisanterie ou second degré.
Pour autant, malgré la tempête et les soubresauts, cette prise de conscience d’un environnement de travail toxique et de la nécessité de le faire évoluer est une preuve de maturité pour la communauté Linux. Se remettre en question et évoluer – de quoi donner encore un bel avenir au pingouin le plus célèbre du net.