L’omnipotence de Mark Zuckerberg finirait-elle par lasser ? Après les fondateurs de WhatsApp en mai, ce sont au tour de ceux d’Instagram, Kevin Systrom et Mike Krieger, d’annoncer leur départ, six ans après leur rachat par Facebook. Un départ annoncé avec des fleurs, mais qui dissimule mal des aiguilles.
Les mauvaises nouvelles continuent de s’amonceler sur Facebook. Le réseau social, empêtré dans les affaires liées à la protection des données, subit de plus des démissions en chaîne, toutes à des postes-clés.
2018, l’année des grands départs pour Facebook
Huit cadres de la direction de Facebook ont abandonné Mark Zuckerberg depuis le début de l’année, dont la directrice adjointe en charge de la communication, le directeur de la sécurité ou le responsable de la communication, des affaires publiques et des politiques de confidentialité. L’attitude de plus en plus autocratique du fondateur de Facebook serait en grande partie à l’origine de ces départs.
Mais au-delà de la maison mère, la fuite des cerveaux se prolonge à l’ensemble du groupe. Deux des applications phares possédées par Facebook ont ainsi vu leurs fondateurs quitter le navire.
Facebook veut-il pervertir l’esprit de WhatsApp ?
En mai, Jan Koum et Brian Acton, les deux fondateurs de WhatsApp, ont ainsi annoncé leur départ, quatre ans après l’achat de l’application par Facebook pour 19 milliards de dollars. Parmi les raisons évoquées à l’époque, les projets et les propos tenus par des cadres de Facebook sur des questions phares de l’avenir de l’application, comme l’accès aux données personnelles, le chiffrement ou la monétisation du service. Koum et Acton ont eu le sentiment que Facebook voulait, à terme, pervertir l’esprit de leur bébé ; ils ont préféré ne pas assister à cela.
Le 24 septembre 2018, rebelote : Kevin Systrom et Mike Krieger, fondateurs d’Instagram, ont confirmé qu’ils laissaient l’application entre les seules mains de Facebook. Une application pourtant plus que jamais populaire.
Instagram, « une communauté de plus d’un milliard de personnes »
« Nous sommes passés de 13 personnes dans l’équipe à plus d’un millier avec des bureaux dans le monde entier, tout en construisant des produits utilisés et appréciés par une communauté de plus d’un milliard de personnes. Nous avons adoré apprendre à faire croître une entreprise et à nourrir une énorme communauté mondiale », se félicite d’ailleurs Kevin Systrom, dans son officialisation de départ.
Bien entendu, au moment de partir, Kevin Systrom et Mike Krieger ont remercié Facebook, ses employés, ses cadres, et ont laissé entendre que leur départ était lié à une envie de retrouver l’esprit d’innovation des start-upers. La réalité serait beaucoup moins rose et traduirait, comme pour WhatsApp, le sentiment de ne plus être les maîtres à bord.
Prise d’influence de Zuckerberg et de ses proches
Instagram est dans le giron de Facebook depuis 2012, et son rachat pour 1 milliard de dollars. L’application a toujours joui d’une réelle autonomie au sein du groupe, mais elle menaçait clairement de la perdre. La pomme de discorde aurait été les changements que voulaient imposer Facebook sur la façon dont les commentaires et publications sont partagées. Un cas particulier, mais emblématique d’une influence croissante de Zuckerberg sur les affaires courantes et l’orientation stratégique d’Instagram.
Cette reprise en main s’est traduit par l’influence grandissante de Chris Cox, directeur des produits Facebook, puis par la nomination d’Adam Mosseri, un proche de Zuckerberg, qui a remplacé Kevin Weil au poste de responsable produits d’Instagram.
Chez Mark Zuckerber, cette volonté de contrôle de toutes les composantes de son groupe et de donner des orientations stratégiques globales peut se comprendre. Mais le risque n’est-il pas d’uniformiser les services proposés et de faire perdre la spécificité des différentes applications contrôlées par Facebook ?