Quand le fondateur d’une néo-banque, Hush, disparaît dans la nature

Quand le fondateur d’une néo-banque, Hush, disparaît dans la nature
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Présentée fin 2017 dans le prolongement de l’explosion des crypto-monnaies, la fintech française Hush devait révolutionner la banque. Moins d’un an après, la levée de fonds mirifique attendue n’est pas arrivée, Hush n’est plus qu’une coquille vide et son fondateur a disparu des radars.

Encore une aventure qui avait tout de la success story et qui finit diablement mal. Au départ, pourtant, Hush avait tout pour plaire. Cette jeune pousse fintech française, lancée fin 2017, présentait de très hautes ambitions : créer “une néo-banque mobile, communautaire, participative, compatible avec les cryptomonnaies”.

Des ambitions XXL

D’ici fin 2018, date théorique de son lancement officiel, Hush voulait lever l’équivalent de 20 millions d’euros dans une ICO (Initial coin offering), une levée de fonds par crypto-monnaie (en l’occurence l’ether), obtenir un agrément bancaire et s’entendre avec Mastercard.

Mais, dès le mois d’avril 2018, les choses commençaient à sérieusement sentir le roussi pour cette pépite auto-déclarée de la French Tech. Dans un billet publié sur Médium, la start-up annonçait avoir levé la somme faramineuse de 540 000 euros, ainsi que 245 ethers, soit environ 50 000 euros en crypto-monnaie. Soit 3% de la somme visée.

Une levée de fonds famélique, un dirigeant qui disparaît

Fin mai, le contrat de localisation de l’entreprise au Luxembourg a pris fin. Sans être remplacé par un autre. Hush ne possède toujours pas d’agrément bancaire, Mastercard n’a jamais entendu parler d’elle, et son lancement ne cesse d’être retardé sine die.

En juillet, les partenaires ont bien reçu les tokens correspondant à leur investissement, ces jetons destinés à être utilisés au sein du futur écosystème Hush. Mais y aura-t-il seulement un tel écosystème un jour ?

Car Eric Carpentier, le fondateur et dirigeant, de Hush a tout bonnement disparu. Son dernier message sur le groupe Telegram de l’entreprise, medium privilégié de la communication de la start-up, remonte au 6 juillet. Il s’est totalement évaporé de Linkedin, de Twitter et de Facebook, ses trois comptes ayant été brutalement fermés.

Grosses ardoises et inquiétants messages des représentants de Hush

Pire : il n’a donné aucune nouvelle depuis aux investisseurs et aux créanciers de la start-up. Et certains ont de lourdes factures en attente, notamment les sociétés impliquées dans l’ICO, comme Kramer Levin ou, surtout, Chaineum. Hush laisse à ce dernier une ardoise de 150 000 euros.

Pour autant, les représentants de Hush tentent de se montrer rassurants – mais sans être vraiment convaincants. « Eric prend désormais le temps de mener ses projets loin de la pression des réseaux. On a décidé de ne pas se justifier. On travaille en silence.  » expose ainsi Max Massat, Community Driver de la néo-banque.

Eric Charpentier, pas à son coup d’essai dans les start-up en culs de sac

Cette fois, ce n’est plus l’odeur du roussi qui embaume les narines, c’est bien celui de l’arnaque en bonne et due forme. D’autant qu’Eric Charpentier n’en est pas exactement à sa première histoire frauduleuse. Il a fondé, en 2013, à Toulouse, une start-up baptisée Morning, spécialisée dans les activités de paiement entre particuliers et les cagnottes en ligne, qui ambitionnait de devenir, devinez quoi, une néo-banque.

Mais fin 2016, les masques tombaient : l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) dénonçait une malversation d’Eric Charpentier, qui avait utilisé l’argent de ses clients pour financer une nouvelle activité, déclenchant un conflit avec l’actionnaire principal de Morning, la MAIF. Au bout du compte, Eric Charpentier se retrouve éjecté de Morning, qui est rachetée par Leclerc pour éviter la faillite et une perte sèche pour ses 75 000 clients.

Autant dire que nous ne parierons pas bien cher sur l’avenir de Hush. Le projet était peut-être sérieux à l’origine, mais probablement, a minima, démesuré. De quoi attendre avec une impatience légitime une prompte régulation des ICO, pour éviter qu’un tel fiasco se reproduise.