Sigfox semble se porter comme un charme. La start-up française envisage une sixième levée de fonds, elle a achevé l’année 2018 avec un léger déficit, un bon signe en période de développement intensif. Mais les mois à venir seront cruciaux pour son avenir. La jeune pousse envisage une IPO (entrée en bourse) dans un futur assez proche.
Le protocole Sigfox n’est pas en difficulté, loin s’en faut. Annoncé en échec sur le marché américain, la start-up originaire de Haute-Garonne continue d’étendre sa connectivité IoT. Pour rappel, Sigfox propose une solution de transfert d’informations et de commandes via un protocole radio à basse fréquence et à bas débit. Les messages transmis ne peuvent dépasser les 12 octets – ce qui est largement suffisant dans la quasi-totalité des applications IoT.
Sigfox : un réseau qui se suffit à lui-même
Calé sur 868Mhz en Europe et 902Mhz aux Etats-Unis, deux fréquences libres de droit, Sigfox permet aux objets de communiquer entre eux, à une plateforme de récupérer des données ou de transférer des ordres de pilotage. Il est, avec le LoRa, l’un des deux protocoles fonctionnant sur les ondes radios à bas débit à s’être imposé dans l’IoT. D’autres techniques de communication existent, mais Sigfox fait partie du peloton de tête des plus utilisés et des plus prometteurs.
« Le réseau de Sigfox a cela de particulier qu’il se suffit à lui-même. Il ne peut certes pas tout faire mais peut assurer des tâches critiques pour transmettre un message de manière simple et économique », défend son cofondateur Christophe Fourtet. En effet, les modules de communication Sigfox sont actuellement vendus 2 euros, et la start-up envisage de faire chuter leur prix à 20 centimes d’ici fin 2020.
Une technologie « plus résiliente et plus économique que la 5G »
Pour bien se distinguer des réseaux mobile de la téléphonie, plus chers et plus lourds, Sigfox a baptisé sa connectivité « 0G ». La 5G ne représente d’ailleurs pas vraiment une menace pour la jeune pousse : « La 5G repose sur une technologie cellulaire, qui consomme beaucoup et dont le déploiement coûte cher, au contraire de la 0G, plus résiliente et plus économique que la 5G dans la transmission de messages critiques », détaillent les membres du Comex de la start-up française.
Sigfox sort d’une année conforme aux objectifs. Fin 2018, 6,2 millions d’objets étaient connectés grâce à Sigfox dans le monde – un chiffre en hausse de 148%. Mieux, le nombre de messages échangés quotidiennement via le réseau Sigfox s’élève à 16,3 millions – en hausse de 300% en un an ! D’ici 2023, Sigfox ambitionne de connecter pas moins d’un milliard d’objets !
Une croissance forte, mais que Sigfox doit maintenir pour rester dans la course
Le groupe est désormais présente dans 60 pays, dont 21 couverts à 95%. Sigfox a récemment signé des contrats de partenariats avec PSA, Michelin, Total ou Netstar, pour un total de plus d’un million d’objets supplémentaires. « Avec la généralisation de l’Internet des objets et l’augmentation du nombre de devices pouvant être connectés à notre réseau, nous pouvons imaginer l’enjeu que représente la 0G dans des domaines aussi primordiaux que la lutte contre le réchauffement climatique ou contre le gaspillage » précise la direction de la start-up.
Mais Sigfox est toujours à la croisée des chemins, à cet instant critique où la croissance doit demeurer aussi soutenue que celle du marché auquel on s’adosse, pour maintenir sa place. En 2018, le chiffre d’affaire a atteint les 60 millions d’euros, en augmentation de 20%. La perte nette est de 136 000 euros, un montant raisonnable au stade de développement de Sigfox.
Vers une IPO (entrée en Bourse) prochaine ?
L’année a été bonne, mais l’entreprise doit continuer de croître pour imposer son business model. Actuellement ses revenus de service (les abonnements à son protocole) représentent 20% de son chiffre d’affaire, et 80% pour les revenus d’infrastructure (installation de capteurs et d’un réseau). Sigfox vise, en la matière, l’équilibre 50 / 50.
Pour répondre à ces défis, la start-up a besoin d’argent frais. Elle prépare actuellement sa sixième levée de fonds. Mais l’avenir semble être à une IPO (entrée en bourse pour une start-up), qui approche à grand pas. Même si la direction de l’entreprise reste prudente sur les délais : « Le bon moment approche, mais nous attendons que l’ensemble de l’écosystème soit fin prêt », a ainsi confirmé Raouti Chehih, le Chief adoption officer du groupe. Pour continuer d’écrire une des plus histoires de l’innovation made in France.