Réfugié depuis 2012 dans l’ambassade d’Equateur à Londre, Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, toujours recherché pour espionnage par les autorités américaines, a été arrêté, ce jeudi 11 avril, par les forces de l’ordre britanniques. L’Equateur avait décidé de lui retirer son asile politique.
Une des grandes cavales du XXIème siècle a pris fin ce jeudi 11 avril en matinée. Son histoire n’est pas faite de fuites à travers toute la planète ou de planques dans des endroits improbables. Elle s’est exclusivement déroulé dans une ambassade, à Londres. Mais elle a défrayé la chronique, judiciaire et médiatique, en continu ou presque depuis 7 ans.
Les révélations de WikiLeaks sur l’armée américaine au cœur du dossier
L’homme appréhendé ce jeudi est recherché depuis 2012. Il s’appelle Julian Assange, est australien, et a fondé WikiLeaks, un site qui publie régulièrement des documents confidentiels, voire classés top secret. En 2010, il a notamment dévoilé plus de 700 000 documents classifiés sur les agissements de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan, fournis par le soldat Bradley Manning (devenue depuis Chelsea Manning).
Une vidéo avait particulièrement fait scandale, qui montre une bavure de l’armée américaine, un hélicoptère de combat ayant attaqué et tué par erreur plusieurs civils et journalistes.
Chelsea Manning, la « source journalistique la plus importante que le monde ait jamais eue »
En 2013, le soldat Manning avait été condamnée à 35 ans de prison par les autorités américaines, pour espionnage. Barack Obama commue en janvier 2017 sa peine, et la jeune femme sort de prison en mai 2017. A l’époque du premier procès, Julian Assange avait qualifié cette condamnation d’ « absurde » : pour lui Chelsea Manning a fait preuve d’un « héroïsme incontestable » et est la « source journalistique la plus importante que le monde ait jamais eue ».
A cette date, Julian Assange vivait déjà depuis un an dans l’ambassade d’Equateur à Londres. Il s’y était réfugié en 2012, suite à une autre affaire judiciaire. Il était accusé, en Suède, d’agression sexuelle, et les autorités britannique souhaitaient l’extrader vers Stockholm. Les charges ont depuis été retirées. Mais Assange, également recherché par les Etats-Unis, qui l’accusent d’espionnage dans l’affaire Manning, n’a pas voulu quitter sa retraite, d’où il n’a cessé de diriger WikiLeaks et de commenter l’actualité.
Julian Assange obtient l’asile politique puis la nationalité équatorienne
L’Equateur a donc, dés 2012, accepté de protéger le lanceur d’alerte en lui accordant l’asile politique, estimant que la plainte en Suède était une manigance pour faire tomber un journaliste dangereux. Julian Assange avait même obtenu, en janvier 2018, la nationalité équatorienne.
Mais l’histoire d’amour avec le pays d’Amérique du Sud a fini par voler en éclat. Suite à un tweet du fondateur de WikiLeaks demandant l’indépendance de la Catalogne en septembre 2017, l’ambassadeur, à qui il avait promis de ne pas interférer dans les affaires politiques de nations souveraines, lui avait interdit de recevoir des visiteurs et d’avoir un accès à Internet.
Les histoires d’amour finissent mal en général
Même si l’ambassade avait adouci, par la suite, ces privations, Assange estimait que l’Equateur avait violé ses droits et libertés fondamentals, et avait porté plainte contre l’Etat.
Cette manœuvre a sans doute été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase des relations entre Assange et l’Equateur. Dès le 4 avril, un tweet du compte de WikiLeaks évoquait une expulsion imminente de Julian Assange, confirmée par une « source de haut niveau au sein de l’État équatorien ».
Appréhendé par la police britannique, en attente de son extradition
L’asile politique de Julian Assange en Equateur a pris fin ce 11 avril 2019. Dès lors, l’ambassadeur a invité la police britannique à entrer pour appréhender celui qui était toujours, depuis le 29 juin 2012, sous le coup d’un mandat délivré par le tribunal de première instance de Westminster. Julian Assange devrait être présenté tr!s prochainement à ce même tribunal. Il devrait, selon toute logique, être extradé vers les Etats-Unis, pour y être jugé à son tour.
Les autorités américaines ont confirmé que Julian Assange risquait jusqu’à 5 ans de prison « pour piratage informatique, pour avoir conspiré avec Chelsea Manning et avoir volé des données classifiées ». Et il y a peu de chance que le président américain actuel face preuve de la même mansuétude que Barack Obama…