Facebook a récemment interdit plus de 265 pages de manipulation de l’information créées par une société israélienne. Celle-ci opérait des actions de déstabilisation en Afrique et en Afrique du Nord, pour un montant dépassant les 800 000 dollars. Ce n’est pas la première fois que des pays de la région sont ciblés par des campagnes similaires. Le phénomène s’était déjà produit au Maroc, sans pour autant que les instigateurs ne soient identifiés.
Facebook fait la chasse à la manipulation
Facebook a annoncé ce jeudi 16 mai qu’elle avait fermé de sa propre initiative des comptes, des pages et des groupes pour diffusion d’informations trompeuses et manipulation de l’opinion. Au total, la société de Mark Zuckerberg a interdit 65 comptes Facebook, 4 comptes Instagram, 23 groupes, 161 pages et 12 événements créés par la société d’influence israélienne Archimedes Group. « Nous avons identifié ces comptes et pages grâce à des enquêtes internes » peut-on lire dans le communiqué signé du chef de la cybersécurité de Facebook, Nathaniel Gleicher.
Un geste fort qui marque la volonté de la firme américaine, depuis l’enquête sur les opérations d’influence des électeurs américains pendant la campagne de Donald Trump, d’interdire les comptes créés et gérés à des fins de manipulation. « Nous travaillons constamment pour détecter et stopper ce type d’activité, car nous ne voulons pas que nos services soient utilisés pour manipuler l’opinion » poursuit-il. « Les personnes derrière ce réseau ont eu recours à de faux comptes (…) pour diffuser leurs contenus et accroître artificiellement leur audience, se faisant notamment passer pour des médias locaux des pays visés et publiant de soi-disant fuites concernant des personnalités politiques », peut-on encore lire dans le communiqué.
812 000 dollars de chiffres d’affaire
La société basée à Tel-Aviv recourait en effet au réseau social pour des opérations d’influence électorale en Afrique et en Afrique du Nord (Angola, Nigeria, Sénégal, Togo et Tunisie notamment), en montant les personnes les unes contre les autres diffusant ainsi des informations déformées. Entre décembre 2012 et avril 2019, Archimedes Group aurait ainsi investi 812 000 dollars pour des publicités liées au contenu diffusé auprès de 2,8 millions d’utilisateurs Facebook.
Le contenu avait toute l’apparence du vrai. Pire, participant à décrypter les rumeurs et les fausses informations, il ne pouvait pas être accusé du contraire. « Nous avons éliminé ces pages et ces comptes sur la base de l’activité de leurs initiateurs, et non pas pour le fond des contenus publiés » a tenu à préciser Facebook qui dénonce ces agissements contraires à sa politique de cybersécurité.
L’Afrique du Nord pour cible
L’activité de manipulation de l’information et de la fabrication de l’opinion par une entreprise comme Archimedes Group pourrait bien constituer une infime partie de la guerre d’influence numérique qui se joue sur le continent africain, particulièrement depuis les Printemps arabes.
En avril dernier,le Maroc a fait l’objet d’une campagne contre la vie chère dans laquelle étaient visés les eaux minérales Sid Ali, les produits laitiers Danone, ainsi que les produits hydrocarbures Afriquia.
Unique en son genre, ce mouvement social n’a été revendiqué par aucun parti politique ou syndicat. Toutefois, les experts s’accordent tous pour reconnaître dans cette opération un haut niveau de compétence en matière de communication d’influence.
Ainsi en juillet 2018, une étude du cabinet français IDS Partners avait révélé des manipulations d’opinion liées à des mouvements islamistes conservateurs. Le 26 mars dernier, le réseau social Facebook avait également fermé la page Anonymous Massaktinch, considérée comme étant à l’origine d’une campagne de dénigrement – quelques jours après avoir supprimé 800 pages et comptes liés à l’Iran, notamment actifs au Maroc.
Image Credit: Thought Catalog