Le 7 juin 2019, la Commission Européenne a dévoilé les huit villes qui vont accueillir les supercalculateurs européens « de classe mondiale », qui devraient être opérationnels en 2020. Ils figurent en tête des initiatives européennes pour conserver une réelle indépendance dans le traitement des données vis-à-vis des Etats-Unis ou de la Chine. Et pour cela, pas d’autre solution que l’union !
Emmanuel Macron l’a rappelé lors de son intervention à VivaTech : la souveraineté numérique se joue désormais au niveau européen. Si les pays de l’Union Européenne veulent peser face aux Etats-Unis ou à la Chine, ils doivent unir leurs forces et leurs capacités, pour proposer des alternatives viables.
Huit supercalculateurs pour « assurer la compétitivité et l’indépendance de l’Union »
C’est notamment les cas de la puissance de calcul. Certes, la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni peuvent construire seuls des supercalculateurs (et continueront de le faire), mais la majorité des Etats européens n’ont pas la puissance financière pour posséder des ordinateurs rivalisant avec ceux des grandes puissances numériques. L’Europe « ne peut pas prendre le risque de voir ses données être traitées ailleurs », précise avec justesse Mariya Gabriel, la commissaire chargée de la politique numérique.
D’où cette initiative forte, portée par la structure EuroHPC (High Performance Computing), consistant à équiper l’UE de huit supercalculateurs. C’est « vital pour assurer la compétitivité et l’indépendance de l’Union dans une économie fondée sur les données », expose Bruxelles.
Dans le détail, EuroHPC regroupe 27 des 28 membres de l’Union (tous sauf Chypre), ainsi que trois alliés stratégiques, la Norvège, la Suisse et la Turquie. Le Royaume-Uni continuera d’ailleurs d’en faire partie après le Brexit.
Au programme : santé, météo, climat, IA, cybersécurité, ingénierie
Parmi les secteurs sur lesquels travailleront tout particulièrement les supercalculateurs, citons la médecine personnalisée, les prévisions météorologiques, le changement climatique, la bio-ingénierie, la conception de médicaments, la conception de matériaux, l’IA et la cybersécurité. Des secteurs cruciaux pour l’avenir des Etats de l’Union, et qui nécessitent des puissances de calcul considérable.
Par ailleurs, sur ces huit supercalculateurs, trois seront plus « super » que les cinq autres. Et nettement. Ces trois machines visent en effet, à l’horizon 2023, le niveau exaflopique (c’est à dire un milliard de milliard de calcul par seconde). Dès leur mise en service, fin 2020, elles produiront déjà plus de 150 pétaflops (150 millions de milliards de calculs par seconde). Elles monteront progressivement en puissance pour atteindre ce fameux stade exaflopique.
Trois supercalculateurs sur huit atteindront le niveau exaflopique
Mais même à ce niveau « pré-exaflopique », ces trois supercalculateurs « devraient fournir 4 à 5 fois plus de puissance de calcul que les meilleurs systèmes actuels de calcul à haute performance du Partenariat pour le calcul avancé en Europe (PRACE) », précise la Commission Européenne.
Les cinq autres supercalculateurs se contenteront, à leur mise en service, d’une puissance de 4 pétaflops (4 millions de milliards de calcule par seconde).
Huit sites retenus, répartis dans toute l’Europe
La Commission Européenne a officialisé, le 7 juin 2019, les huit sites retenus pour ces machines de guerre. A dessein, aucun n’est situé sur le sol d’un géant européen du numérique (France, Allemagne, Royaume-Uni).
L’Europe du Sud est privilégiée, avec l’Espagne (Barcelone), l’Italie (Bologne), le Portugal (Minho) et la Slovénie (Maribor). Mais la répartition géographique demeure homogène, puisqu’un supercalculateur prendra place à l’extrême Est de l’Union, en Bulgarie (Sofia), un autre à l’Est, en République Tchèque (Ostrave), un autre plein Nord, en Finlande (Kajaani), et le dernier au centre-Ouest de l’Union, au Luxembourg (Bissen).
Un arbitrage d’importance reste à réaliser : il faut répartir l’ensemble des supercalculateurs sur les huit sites, et en particulier choisir les trois qui viseront le niveau exaflopique. Il semble probable qu’au moins un ira dans le Sud, et un autre dans l’un des quatre autres sites, pour assurer une bonne répartition géographique. Mais pour le reste, les huit sites retenus vont devoir se battre pour prouver qu’ils méritent d’accueillir un de ces trois super-supercalculateurs.
L’avancée de cette initiative demeure une excellente nouvelle pour la souveraineté numérique de l’Union.