La nouvelle présidente de la Commission Européenne Ursula von der Leyen a dévoilé l’équipe de 26 commissaires qui l’accompagneront durant les cinq ans de son mandat, qui démarre le 1er novembre. La française Sylvie Goulard, commissaire au marché intérieur, pilotera le marché numérique. Quoique rompue aux institutions européennes, ce n’est pas une spécialiste de ces questions. En revanche, le maintien de Margrethe Vestager comme chargée de la concurrence, et sa promotion au poste de vice-présidente de la Commission, risque de donner des migraines à tous les GAFA…
Les cinq années à venir seront cruciales pour l’évolution du numérique au sein de l’Union Européenne. Les avancées technologiques en cours vont lui offrir une part de plus en plus prépondérantes dans l’économie de l’Union et la vie quotidienne des Européens.
Nouvelle Commission Européenne : 26 membres nommés
Dès lors, la composition de la Commission Européenne qui prendra ses fonctions le 1er novembre 2019 était très attendue. Sa présidente, l’allemande Ursula von der Leyen, une proche d’Angela Merkel, était déjà connue. Restait à connaître les 26 commissaires qui allaient l’accompagner, et quels seraient leurs attributions (aucun commissaire britannique n’a été nommé, le Royaume-Uni quittant l’UE la veille de l’ouverture de cette nouvelle mandature de l’exécutif européen).
Sous la présidence de Jean-Claude Junker, le numérique était piloté par un commissaire dédié, également vice-président de la Commission, le letton Andrup Ansip. Il était secondé par une commissaire à l’économie et à la société numérique, la bulgare Mariya Gabriel.
Le numérique traité de manière plus transversale
Dans la nouvelle Commission, le marché numérique est sous la responsabilité de la commissaire en charge du marché intérieur, la française Sylvie Goulard. La nouvelle répartition des postes met apparemment moins en avant cette question du numérique (deux postes dédiés contre aucun).
Mais cette évolution n’est pas la marque d’un désintérêt, au contraire. La nouvelle Commission semble en effet vouloir travailler davantage de manière transversale, chaque commissaire ayant en charge la dimension numérique de son portefeuille.
Sylvie Goulard, une Française pour piloter le marché numérique
Pour autant, sur les question économiques, la référente sera donc l’éphémère ministre de la Défense du premier gouvernement Edouard Philippe, forcée à la démission suite à son implication dans le scandale des emplois présumés fictifs des eurodéputés du Modem.
Elu depuis sept ans au Parlement Européen, technocrate aux compétences reconnues, elle pourra mettre en avant sa connaissance des institutions européennes et du marché unique pour mener à bien sa mission. Pour autant, Sylvie Goulard n’est pas une spécialiste des questions du numérique – pas plus que ces prédécesseurs.
Elle devrait s’entourer d’une équipe ad hoc, pour poursuivre les chantiers entamés sous la présidence de Jean-Claude Junker, comme l’éthique dans l’intelligence artificielle, l’amélioration de la couverture Wi-Fi dans les territoires ruraux, le projet des supercalculateurs européens de classe mondiale, ou la baisse des frais téléphoniques.
« Nous devons faire en sorte que notre marché unique soit adapté à l’ère du numérique »
En revanche, la combative danoise Margrethe Vestager, qui conserve son portefeuille de commissaire chargé de la concurrence, connaît ses dossiers sur le bout des doigts. Elle a même été chargée par Ursula von der Leyen de coordonner l’ensemble du programme de la « Commission pour une Europe adaptée à l’ère du numérique ».
« Nous devons faire en sorte que notre marché unique soit adapté à l’ère du numérique, nous devons tirer le meilleur parti de l’intelligence artificielle et des mégadonnées, nous devons améliorer la cybersécurité et nous devons lutter âprement pour notre souveraineté technologique » a précisé Ursula von der Leyen au sujet de ce programme.
Margrethe Vestager rempile à la concurrence : Google peut trembler !
Margrethe Vestager est, pour l’occasion, nommée parmi les cinq vice-présidents de la Commission. Elle devient une des femmes fortes de l’exécutif européen.
Et la nouvelle ne risque pas de ravir les GAFA. Margrethe Vestager a en effet prouvé sa détermination à batailler contre les géants du net, leur hégémonie et leurs abus de position dominante. Elle est notamment la cheville ouvrière des amendes salées infligées à Google. Elle avait même demandé, en 2018, le démantèlement de la firme de Cupertino, pour briser ce trust omnipotent, faussant la concurrence sur le sol européen.