Les responsables de Twitter viennent de révéler qu’ils faisaient des exceptions à leurs conditions d’utilisation quand les tweets émanaient d’élus politiques. Si le réseau social estime que l’intérêt public prime sur sa politique de modération, les messages restent en ligne. Mais, tout bientôt, Twitter ajoutera des encadrés pour indiquer que lesdits tweets dépassent les bornes.
Twitter dispose de conditions d’utilisation drastiques et, normalement, censure les tweets qui ne le respectent pas. Tous, sauf ceux que le réseau social juge être d’intérêt public. Twitter a exposé sa politique en la matière sur son blog, le 15 octobre 2019.
Des exceptions pour les responsables politiques de haut niveau
Le réseau social estime que les tweets des responsables politiques doivent être laissé en ligne, pour l’information du public. Pour faire partie de ces exceptions, un compte Twitter doit respecter un certains nombres de critères : le fait d’avoir un compte certifié, de plus de 100 000 abonnés, d’être le représentant ou membre d’une institution politique gouvernementale ou du corps législatif, le fait d’avoir été élu à un mandat politique ou législatif, ou encore d’être candidat(e) à une élection.
Cela explique pourquoi les tweets de Donald Trump, notamment, sont toujours accessibles malgré une débauche de fausses informations et d’attaques personnelles provoquant du harcèlement. Twitter estime en effet qu’il est important de pouvoir « discuter des actions ou déclarations » d’élus politiques.
Twitter va mettre en place un régime spécial pour les tweets de politique franchissant les bornes
Pour autant, Twitter a assuré, sans préciser pour autant de date, qu’un encadré préviendrait bientôt qu’un tweet ne respecte pas ses principes et qu’il n’est encore ligne que parce qu’il émane d’un responsable politique.
Mieux : les utilisateurs ne pourront pas le liker, le partager ou le retweeter ; encore mieux : les algorithmes s’assureront qu’il ne puisse pas être mis en avant ou recommandé. Cela devrait éviter que certains dérapages de politiques ne deviennent viraux.
Exceptions aux exceptions
Twitter a également précisé qu’il va faire des exceptions aux exceptions : si certains élus franchissent certaines limites, leurs tweets sombreront dans le néant. Ce sera le cas si le risque qu’engendre le tweet est plus élevé que son intérêt public : « Nous ferons moins d’exceptions pour le terrorisme, la promotion de l’extrémisme violent (…) les menaces de violences (…) la vente ou promotion de biens et services illégaux, (…) la promotion ou l’encouragement au suicide ou à l’auto-mutilation, (…) la manipulation d’élections, (…) la publication d’informations privées comme un numéro de téléphone », détaille la note de blog.
En filigrane, cela signifie que les contenus haineux émanant de responsables politiques auront toujours droit de cité. Le harcèlement moral, les insultes racistes, sexistes ou LHBTphobes resteront en ligne.
Twitter : un hébergeur qui mène la politique d’éditeur
Ces précisions et ces règles indiquent, au passage, l’importance qu’ont pris les réseaux sociaux (et notammentTwitter) dans l’accès à l’information, en particulier d’un point de vue politique. Elles montrent aussi clairement que la position de Twitter comme pur hébergeur de contenu (qui est d’ailleurs celle de Facebook et de YouTube), sans aucune responsabilité sur ce qu’il publie, est parfaitement intenable, comme l’évoque avec malice nos collègues de Numerama.
Le simple fait qu’une modération s’exprime, d’une façon aussi nette, et avec un soucis de l’intérêt public, prouve sans ambiguïté que Twitter joue, au moins en partie, un rôle d’éditeur.
Les réseaux sociaux imposent sans doute de créer une catégorie hybride entre l’hébergeur et l’éditeur, avec des responsabilités moindres qu’un pur éditeur, mais plus élevées qu’un simple hébergeur. Deux sénateurs (UMP et PS) avaient fait une demande en ce sens, en février 2011. Depuis, aucune nouvelle…