Disponible depuis le 12 novembre 2019 aux Etats-Unis, lancée en France le 31 mars 2019, Disney+, la plate-forme SVOD du géant du divertissement, vient de se signaler en retouchant (pour ne pas dire en censurant) certains de ses films, dont Dumbo ou Toy Story 2. Expurgeant ainsi des séquences jugées racistes ou sexistes.
Vous avez peut-être été choqué, en regardant Dumbo, par les scènes avec Jim Crown le corbeau, véritable caricature d’afro-américain aux relents plus que racistes.
Sur Disney+, fini le racisme de Dumbo ou de Mélodie du Sud, fini le sexisme dans Toy Story
Vous avez sans doute trouvé plus que limites, dans le générique de fin de Toy Story 2, les avances du vieux cow-boy Stinky Pete aux deux Barbies, digne d’un Harvey Weinstein du monde des jouets. Et si vous faites partie de ceux qui ont déjà vu Mélodie du Sud, long métrage Disney de 1946, le traitement des personnages afro-américains vont a probablement révolté.
Toutes ces réactions, saines et empruntes d’humanisme, vous n’allez plus les avoir en regardant Disney+. Tout simplement parce que l’ensemble de ces passages problématiques ont été coupés par les responsables de Disney.
Si, dans le cas de Toy Story, dont le réalisateur, John Lasseter, est aux commandes de la division animation de Disney, cette coupe peut s’assimiler à une sorte de director’s cut, les retouches sont beaucoup plus discutables pour deux films dont les équipes artistiques sont, dans leurs majorités, au cimetière.
Une réécriture de l’histoire qui retouche des œuvres et risque de faire oublier le passé
En ne voulant pas choquer, Disney réécrit aussi son histoire, et essaie de faire oublier que, dans les années 1940 et 1950, le racisme ordinaire avait droit de cité aux Etats-Unis. Cette auto-censure intervient dans un contexte où la retouche d’oeuvre d’art du passé pour correspondre à notre vision morale actuelle devient monnaie courante.
Le procédé est doublement problématique. Le risque est d’oublier les travers du passé, tout en modifiant des œuvres certes discutables, mais que leurs auteurs ont souhaité ainsi.