Dans une lettre ouverte, les salariés de Google ont demandé à leur direction de s’engager davantage dans la lutte contre les effets du changement climatique. Une demande adressée alors que la presse américaine vient de révéler que Google a financé des lobbys climato-sceptiques.
Début septembre, à la veille du sommet sur le climat de l’ONU, un groupe de militants travaillant pour Google avait demandé à la direction de leur entreprise de prendre des engagements plus forts contre le réchauffement climatique.
« Notre plan de soutien aux énergies renouvelables reste une priorité absolue »
La direction avait, à l’époque, mis en avant son engagement dans les énergies renouvelables et dans la lutte contre les émissions carbone. Grâce à des fortes compensations (notamment en plantant des arbres), Google est neutre en carbone depuis 2007. L’entreprise consomme depuis 2018 50% d’énergie provenant de sources renouvelables.
Le groupe est également devenu un acteur de l’énergie, en construisant ses propres fermes éoliennes et photovoltaïques. Ruth Porat, directrice financière de Google, avait indiqué que Google venait de signer un accord qui conduirait à une augmentation de 40% de la puissance d’électricité renouvelable possédée par l’entreprise, pour la faire monter à 5,5 GW. « Notre plan de soutien aux énergies renouvelables reste une priorité absolue pour nous », avait- déclaré à l’époque Ruth Porat.
Google soutient des lobbys franchement climato-sceptiques
Mais cette image verte, que le groupe souhaite se donner, a tourné au vinaigre début novembre 2019, quand la presse américaine a révélé que Google finançait des groupes climato-sceptiques à Washington. Une douzaine d’organisation soutenue par le géant du net font ainsi régulièrement campagne contre les législations climatiques.
La plus emblématique est sans doute Competitive Enterprise Institute, un lobby qui a réussi l’exploit de critiquer Donald Trump parce qu’il ne détruisait pas assez efficacement les lois climatiques prises par l’administration Obama ! Un comble quand on sait qu’en 3 ans, le président américain a réussi à amender une cinquantaine de lois de ce type, et continue de soutenir sans limite les extractions de pétrole ou de charbon.
Une défense difficile à tenir
Google a tenté de se défendre, en arguant que les collaborations avec ces groupes ne signifiait pas que la firme de Mountain View cautionnait l’ensemble du programme de l’organisation. Une position difficilement tenable face à des lobbys aussi puissamment engagés contre l’urgence climatique.
Cette affaire a poussé les salariés de Google à monter, une nouvelle fois, au créneau. Mais, signe des temps qui changent à vitesse grand V, ils sont beaucoup plus nombreux que voici deux mois.
Les salariés demandent à Google de s’engager
Ils ont ainsi adressé une lettre ouverte à Ruth Porat : « Nous, soussignés, 1 137 salariés de Google, conformément à la gravité et à l’urgence de la crise climatique mondiale et des dommages disproportionnés qu’elle cause aux personnes marginalisées, demandons à Google de s’engager et de publier un plan climat à l’échelle de l’entreprise ».
La lettre ouverte précise les contours de ce plan. Les salariés demandent à la direction de Google de s’engager à ne plus émettre le moindre gramme de CO2 en 2030. Et, bien entendu, d’arrêter de financer le moindre lobby ou think tank climato-sceptique. Les salariés en profitent pour demander à Google de muscler sa démarche RSE, en stoppant toute collaboration avec des entités prônant la répression contre les réfugiés ou les membres de minorités.
La direction de Google va-t-elle écouter les revendications de ses salariés ?
« Google est une entreprise mondiale qui compte des milliards d’utilisateurs à travers le monde, dont beaucoup sont déjà les plus touchés par la catastrophe climatique. Le code de conduite de Google exige le respect des utilisateurs et des opportunités. En tant que travailleurs de Google, nous nous engageons à faire passer nos utilisateurs en premier, et Google doit faire de même », poursuivent les salariés.
La direction semble dans les cordes, et va devoir convaincre ses salariés. Même si le sort réservé par Google aux femmes ayant manifesté contre le harcèlement sexuel dans l’entreprise peut faire craindre que le géant du net ne soit pas un champion de l’écoute des doléances de ses employés…