La diffusion des fausses informations (notamment sur Internet) est devenue un des enjeux majeurs pour la politique et l’économie contemporaines. Au-delà de la perte de confiance dans les institutions et personnalités politiques (contribuant à la montée des populismes), ces fake news ont un impact sur l’économie mondiale. Une étude récente estime leurs coûts direct à 78 milliards de dollars. En ajoutant le coûts indirects, la facture monte à 100 milliards de dollars.
Les fake news sont définies comme « la création et le partage délibérés d’informations fausses ou manipulées dans le but de tromper et d’induire le public en erreur, que ce soit pour lui causer du tort ou à des fins politiques, personnelles ou financières ».
Internet, terreau de choix pour faire pousser les fake news
Internet est bien évidemment le terreau idéal pour ce genre de désinformation. Créations de sites d’actualité diffusant des fausses informations (pour des raisons partisanes ou, simplement, pour faire du clic et générer des revenus publicitaires), campagnes orchestrées (et parfois coordonnées) sur les réseaux sociaux, complicité (volontaire ou non) de personnalités politiques ou médiatiques de premier plan, liens avec la sphère complotiste… L’émergence des fake news est aussi protéiforme que complexe à endiguer.
La campagne présidentielle américaine de 2016 a cristallisé cette nouvelle forme de combat politique déloyal : une étude de Princeton estime ainsi qu’à la fin de la campagne les fausses informations représentaient 2,6% des articles publiés quotidiennement. Un chiffre qui fait froid dans le dos.
Un impact politique désastreux, et des conséquences graves sur l’économie mondiale
Cette multiplication des fake news, ces dernières années, est au centre des réflexions des dirigeants soucieux de préserver la démocratie. Elles frappent en effet durement la confiance que les citoyens du monde entier portent à leurs médias, leurs hommes et femmes politiques, leurs institutions, leurs entreprises. Les fake news s’intègrent parfaitement dans un contexte favorable à la montée des populismes, un peu partout dans le monde.
Mais si leur impact politique est considérable et hautement problématique, elles ont également un effet direct sur l’économie mondiale. Une étude réalisée par la société israélienne de cybersécurité CHEQ et l’Université de Baltimore vient ainsi de révéler que le coût total des fake news pour la seule année 2019 était estimé à 78 milliards de dollars (70 millions d’euros).
Cet impact est ainsi réparti :
- 39 milliards de dollars (35 millions d’euros) de pertes boursière directement provoqués par les effets de ces fausses informations
- 17 milliards de dollars (15 milliards d’euros) liés à la désinformation financière
- 9 milliards de dollars (8 milliards d’euros) sur le secteur de la santé
- 9 milliards de dollars (8 milliards d’euros) pour réparer les dégâts sur la réputation (d’une personne, d’un parti, d’une entreprise)
- 3 milliards de dollars (2,7 milliards d’euros) investis par les plateformes et sites Internet pour réguler et debunker les fausses informations
- 235 millions de dollars (210 millions d’euros) de pertes publicitaires pour des marques suite à de la désinformation
Coût des fake news : 100 milliards de dollars en tout
A ces coûts directs, les auteurs de l’étude ajoutent les coûts économiques indirects – pêle-mêle, la perte de confiance dans les grandes institutions, le ralentissement de l’innovation, les atteintes à la réputation, la perte d’image de marque ou les pressions sur des institutions comme l’armée et la police.
Le total approche alors les 100 milliards de dollars (90 milliards d’euros) sur l’année. Le Forum Economique Mondial a d’ailleurs classé la diffusion de fake news parmi les principaux risques économiques mondiaux.
Un business juteux, mais qui sape la démocratie et l’économie mondiale
Cette étude évoque également les investissements conséquents pour fabriquer ces fausses nouvelles : elle estime à 200 millions dollars (179 millions d’euros) les sommes qui seront destinées à créer des fausses informations pour la campagne présidentielle américaine de 2020 ; à 140 millions de dollars (125 millions d’euros) les sommes investies en fake news pour l’élection générale en Inde en 2019 ; à 34 millions de dollars (30 millions d’euros) pour les élections brésilienne de 2018 ; à 20 millions de dollars (18 millions d’euros) pour les dernières élections au Kenya…
Un business juteux, qui enrichit les populistes et les créateurs de contenus sans scrupule, tout en sapant les bases de la démocratie et de l’économie mondiale.