Jeff Bezos, le très médiatique patron d’Amazon (et accessoirement l’homme le plus riche du monde), vient d’annoncer la création d’un fond dédié à la lutte contre le changement climatique. Il prévoit d’y transférer 7% de sa fortune personnelle, soit 10 milliards de dollars. Le geste est louable, et devrait permettre de soutenir de belles initiatives. Mais il est, clairement, motivé par un pur soucis d’image, Amazon étant tout sauf une entreprise verte.
Du greenwashing à hauteur de 10 milliards de dollars ? Le raccourci est sans doute exagéré, mais il ne semble pas si éloigné que cela de la réalité. Ce mardi 18 février 2020, Jeff Bezos, patron d’Amazon, première fortune mondiale, a annoncé qu’il allait créer son propre fond pour lutter contre le changement climatique. Il l’a nommé, en toute simplicité, le Bezos Earth Fund. Ce simple nom prouve bien qu’il est question d’image – la sienne, et, par contre-coup, celle d’Amazon.
Bezos Earth Fund : un fonds contre le changement climatique
Jeff Bezos a déclaré qu’il allait donner cet été, pour lancer le fond un question, 7% de sa fortune personnelle, soit 10 milliards de dollars. L’un des plus importants dons de l’histoire. Sur lequel le milliardaire n’aura aucun retour, l’opération étant strictement philanthropique.
Ce fond vise donc à lutter contre le changement climatique. Comment ? Les mots de Jeff Bezos laissent ouvertes à peu près toutes les éventualités : « Cette initiative internationale va financer des scientifiques, militants, organisation non-gouvernementales — tout effort qui offre une vraie possibilité d’aider à préserver et protéger la nature ». Difficile de faire plus flou. Un sentiment renforcé par le fait que le fond étant privé, il n’aura donc aucune contrainte de transparence.
Amazon a une empreinte carbone déplorable…
Pour autant, lancer une œuvre philanthropique dédié à l’urgence climatique est, en soit, une bonne nouvelle. Actuellement, seuls 2% des dons mondiaux vont à des initiatives de ce genre. La recherche de nouvelles technologies pour atteindre la neutralité carbone (ou pour lutter contre les effets climatiques de la hausse des températures) a besoin de capitaux. Ce soutien, surtout s’il en appelle d’autres, ne peut être une mauvaise nouvelle.
Cela ne signifie pas que la création de ce fonds est parfaitement désintéressé. Amazon a, d’un point de vue environnemental, une image désastreuse, et à raison. Livraisons rapides passant par les airs ou la route, suremballage, import en flux tendu (via des avions, le plus souvent), gaspillage considérable de produits électroniques, dépenses d’électricité pharaoniques des data-centers d’AWS… L’empreinte carbone d’Amazon est désastreuse.
Les employés d’Amazon poussent la direction à en faire plus pour le climat
En septembre 2019, Jeff Bezos a promis qu’Amazon respecterait l’accord de Paris à horizon 2040. Fin janvier 2020, un groupe de 300 employés, du nom d’Amazon Employees for Climate Justice (AECJ), réclamait à leur patron des actions concrètes plus nettes et efficaces pour réduire l’empreinte environnementale de l’activité du groupe.
Dès lors, ce fonds semble bien pour Jeff Bezos un moyen de se racheter un peu de légitimité verte, et de faire parler de lui en bien sur ce sujet. Le groupe de salariés en colère ne s’y est d’ailleurs pas trompé.
« Une main ne peut pas donner ce que l’autre enlève »
« Nous applaudissons la philanthropie de Jeff Bezos, mais une main ne peut pas donner ce que l’autre enlève. Les habitants de la Terre ont besoin de savoir : quand Amazon va-t-il cesser d’aider les compagnies pétrolières et gazières à ravager la Terre avec encore plus de puits de pétrole et de gaz ? Quand Amazon va-t-il cesser de financer des groupes de réflexion qui nie le changement climatique comme le Competitive Enterprise Institute ? » a déclaré l’AECJ dans un communiqué.
Ou comment recevoir un tacle glissé, les deux pieds décollés du sol, par des membres de sa propre équipe…