Coup de filet d’envergure dans le monde du streaming illégal ! La police espagnole, en coordination avec Europol et plusieurs polices européennes, vient d’arrêter onze personnes aux quatre coins de l’Europe. Ils pilotaient un vaste réseau d’IPTV illégal, qui diffusait des contenus protégé en Europe, Asie et Moyen-Orient. Le réseau comptait 2 millions d’abonnés et aurait cumulé un bénéfice de l’ordre de 15 millions d’euros.
Le déconfinement ne réussit décidément pas aux pirates audiovisuels ! Ce 8 juin 2020, le tribunal correctionnel de Rennes a lourdement condamné les responsables de sites piratant des compétitions sportives. Le cerveau de l’affaire a même écopé d’une peine de prison ferme.
Un effet direct de la coopération des services européens
Quelques jours plus tôt, le 3 juin 2020, les forces de l’ordre de plusieurs pays européens, coordonnées par Europol et Eurojust (l’unité de coopération judiciaire de l’Union Européenne), ont de leur coté réalisé un impressionnant coup de filet. Faisant ainsi tomber un réseau d’IPTV illégal de très grandes ampleur. L’affaire rappelle le démantèlement du réseau Xtream Codes, l’année dernière, qui s’appuyait aussi sur l’IPTV, nouveau fléau du piratage audiovisuel.
Pour autant, cette nouvelle vague d’arrestations marque une étape dans la défense des droits d’auteur audiovisuel au niveau européen, grâce à des techniques de collaborations transnationales nouvelles – et particulièrement efficaces : il s’agit en effet, selon Europol, d’un “premier exemple des synergies créées par la fusion de différentes équipes composées d’experts économiques et financiers au sein du nouveau Centre européen de lutte contre la criminalité financière et économique récemment créé au sein d’Europol”.
La police espagnol ferre un gros poisson de l’IPTV
Dans le détail, l’enquête a commencé en 2019. A cette date, la police espagnole “a repéré plusieurs sites web distribuant illégalement des contenus audiovisuels dans différents pays d’Europe, d’Asie et du Moyen-Orient”. Ces sites s’appuient essentiellement sur l’IPTV, et offraient, contre un abonnement annuel attractif, l’accès à des contenus payants, sans, bien entendu, en détenir les droits.
L’offre était pléthorique, puisque qu’elle comprenait “plus de 40 000 chaînes de télévision, films, documentaires et autres contenus numériques […] hébergés sur un réseau international de serveurs”. Elle était distribué en Europe, en Asie et au Moyen-Orient.
2 millions d’abonnés, 15 millions d’euros de bénéfice pour les pirates
Le réseau comptait, en tout, plus de 2 millions d’abonnés. Il n’avait rien d’un passe-temps d’amateur, mais était extrêmement professionnalisé. Les pirates avaient même créé une plateforme assurant un support technique et un support client ! Comme un service légal…
L’enquête internationale a nécessité l’action conjointe des polices de quinze Etats, essentiellement européen : Allemagne Belgique, Danemark, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Suède, Tchèquie, mais aussi en Amérique du Nord (Canada, Etats-Unis). Selon Europol, l’activité du réseau a rapporté un bénéfice cumulé de l’ordre de 15 millions d’euros.
11 arrestations pour décapiter le réseau
Une fois les preuves accumulés, les autorités sont entrées en action. Le 3 juin 2020, les différentes forces de police impliquées ont « procédé à 15 perquisitions à domicile, arrêté 11 personnes (4 en Espagne, 1 en Allemagne, 3 en Suède et 3 au Danemark) et interrogé 16 autres au titre de leur éventuelle implication dans ce dispositif illégal ».
La police espagnole a mis sous les verrous les dirigeants du réseau. Les autorités ont par ailleurs procédé à “la saisie de 4,8 millions d’euros, dont des biens d’une valeur de plus de deux millions d’euros, quatre voitures d’une valeur d’environ un demi-million d’euros, des montres de luxe, de l’argent liquide, des crypto-monnaies et du matériel électronique”. Eurojust a également ordonné le gel de onze comptes bancaires, contenant en tout 1,1 million d’euros.
Premier objectif d’Europol : mettre fin à la diffusion des contenus illégaux
Mais l’objectif essentiel était bien de mettre fin à ce service illégal qui spoliait les ayant-droits du monde de l’audiovisuel, de la culture et du sport, mettant à mal ces univers-clés pour l’économie des pays européens. Selon Europol, « l’enquête s’est concentrée sur la fermeture des serveurs et la déconnexion des adresses IP, ainsi que sur l’obtention d’informations pertinentes pour démanteler efficacement le groupe criminel ».
Pour autant, le streaming illégal et l’IPTV sont de véritables Hydres de Lerne. Une tête vient d’être coupée, combien vont repousser dans les semaines qui viennent ? Seule différence avec le passé : les forces de l’ordre européennes disposent désormais des moyens nécessaires à des actions coordonnées d’envergure. De quoi lutter pied à pied contre ces mafias du piratage.