De plus en plus autonomes, les véhicules électriques permettent désormais de parcourir de longues distances. Des prouesses rendues également possibles par le déploiement à grande échelle de bornes de recharge publiques, encouragé par les collectivités territoriales et le soutien d’acteurs privés. Comme le démontre la progression spectaculaire des immatriculations, l’acculturation des populations à l’électromobilité est en marche. Un road-trip électrique sur le territoire national, voire européen, est aujourd’hui une chose possible.
La voiture électrique, un éternel « second véhicule » relégué aux courts trajets du quotidien ? Si elle ne fut, lors des premières années de l’électromobilité, pas totalement dénuée de fondement, l’idée reçue selon laquelle les voitures électriques ne sont pas adaptées aux longues distances appartient, désormais, au passé.
En témoigne la récurrence des tests et comparatifs réalisés sur les routes par les équipes de la presse spécialisée, traversant l’Hexagone au volant des derniers modèles électriques sortis des usines des constructeurs. Renault Zoé, BMW i3, Nissan Leaf, Telsa… : les « essais longue distance sont aussi l’occasion d’évaluer les réseaux de recharge autoroutiers (…), indispensables à la démocratisation de la voiture électrique », estime la rédaction du site Automobile Propre. Une démocratisation qui repose, en grande partie, sur les efforts des collectivités territoriales, qui sont, en complément des acteurs privés, en première ligne en matière de déploiement de bornes.
L’augmentation du maillage de bornes, un atout pour la voiture électrique
Avec 29 000 points de recharge publics, notre pays peut ainsi s’enorgueillir d’être l’un des plus équipés d’Europe, proposant désormais une borne pour 7,2 véhicules, alors que l’Union européenne (UE) recommande un ratio d’une borne pour dix voitures. Un chiffre auquel il s’agit d’ajouter les points de charge privés, au travail, à domicile, ou dans les copropriétés, qui seraient plus de 212 000 selon l’AVERE.
De quoi effectuer une traversée de la France en voiture électrique ? Le youtubeur Gregsway a prouvé qu’il était tout à fait possible de réaliser un trajet entre Bruxelles et Seignosse en tout électrique, soit plus de… 1000 km, dont une très grande partie à travers la France. Un exploit — qui n’en est plus réellement un — réitéré par un autre Youtubeur, qui a fait 4 000 km en France au volant d’une Tesla électrique.
La France figure donc parmi les « bons élèves européens », son « réseau (permettant) d’assurer une bonne disponibilité des points de charge et de lever les freins liés à l’autonomie », selon l’AVERE. En effet, sa Déléguée générale, Cécile Goubert, estime que « le maillage actuel est correct » au vu des recommandations européennes. Un satisfecit qui ne doit cependant pas conduire à relâcher les efforts, le gouvernement tablant sur quelque 2,4 millions de véhicules électriques en circulation sur les routes tricolores en 2023. « Il faut donner confiance au consommateur, c’est une condition absolument nécessaire pour créer un marché », analyse Christian Peugeot, le président du CCFA (Comité des constructeurs français d’automobiles).
En France, le secteur des bornes de recharge est dopé par des acteurs privés et publics, qui contribuent à améliorer le maillage des territoires en bornes de recharge. Au niveau des points de recharge publics déployés dans les territoires, les régions sont, cependant, encore diversement dotées. Parmi les très bons élèves, nous comptons par exemple la région Auvergne–Rhône-Alpes, classée troisième, derrière l’Ile-de-France et l’Occitanie. Ainsi à Lyon, sa préfecture, la métropole mise depuis longtemps sur l’électromobilité en déployant 640 points de charge sur le territoire de l’agglomération, soit 59 communes. Des stations alimentées, qui plus est, à 100 % avec de l’électricité d’origine renouvelable. Un engagement rendu possible grâce à un partenariat innovant avec Izivia, la filiale mobilité électrique d’EDF, l’un des principaux acteurs du secteur, et qui contribue à faire de Lyon l’une des villes pionnières de l’électromobilité en France. En Bretagne, ce sont trois Syndicats d’Énergie qui ont uni leurs forces – ceux des départements du Finistère, des Côtes d’Armor et d’Ille-et-Vilaine – pour déployer un réseau commun, Ouest Charge, aussi en partenariat avec Izivia.. La mobilisation des constructeurs est aussi un puissant contributeur au maillage des territoires. Renault a ainsi annoncé, en juillet 2020, lancer Elexent, prioritairement destinée aux collectivités et aux entreprises. Une synergie entre acteurs nécessaire car, selon les mots d’Emmanuel Macron, la France aspire à déployer 100 000 points de recharge publics d’ici à 2021.
Les électromobilistes ont désormais toutes les clefs en main
Locales, ces avancées témoignent d’un mouvement global en faveur de l’électromobilité, comme en témoigne un récent rapport publié par le cabinet Deloitte : les équipementiers « ont investi des milliards pour produire de nouveaux modèles électrifiés (…). Les attitudes des consommateurs ont évolué. Les gouvernements ont poussé en faveur » du secteur qui est sans doute l’un des seuls à n’avoir pas (trop) souffert des conséquences de la crise liée au Covid-19. Ainsi, en France, davantage de véhicules électriques et hybrides rechargeables ont été immatriculés au cours des seuls six premiers mois de l’année que durant l’ensemble de l’année 2019 ; entre juin 2019 et juin 2020, les ventes ont enregistré une explosion de +231 %, à plus de 22 000 unités. Un record historique, qui démontre que l’acculturation des populations semble définitivement en marche.
Néanmoins, avant de vous lancer dans un road-trip électrique à travers la France, ou même l’Europe, quelques conseils doivent être suivis. Déjà, pensez à bien ajuster votre itinéraire pour suivre les routes les mieux dotées en bornes de recharge. Sur le chemin, différentes applications peuvent vous être utiles. La plus basique d’entre elles est, sans doute, GoogleMaps. Mais existent aussi Chargemap, Izivia ou encore Happ-e, qui recensent la quasi-totalité des bornes disponibles sur le continent. N’hésitez pas aussi à simuler la consommation de votre véhicule et, pendant le trajet, à adopter une vitesse modérée pour limiter la consommation électrique, tout en conservant une sécurité maximale.