Fin juin 2021, l’Assemblée Générale (AG) de Toshiba a décidé le renvoi, à effet immédiat, de son président, Osamu Nagayama : une enquête indépendante a révélé que, sous ses ordres, la société s’était entendue avec des fonctionnaires japonais pour empêcher certains actionnaires de peser sur le conseil d’administration.
Fin de partie pour Osamu Nagayama. Ancien PDG d’une des plus grandes sociétés pharmaceutiques du Japon, Chugai Pharmaceutical Co., président du conseil d’administration de Sony de 2013 à 2019, il avait été élu président de Toshiba durant en 2020.
Après s’être entendu avec des fonctionnaires pour limiter l’influence des actionnaires étrangers, Osamu Nagayama fait amende honorable
Or, une enquête indépendante a récemment révélé que, sous sa présidence, la direction de Toshiba s’était mise d’accord avec des fonctionnaires du ministère japonais de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie pour empêcher certains actionnaires étrangers du groupe, en particulier Effissimo Capital Management, qui détient 9,9 % des actions de Toshiba, d’exercer leur influence sur le conseil d’administration du groupe.
Osamu Nagayama s’était défendu dans une lettre ouverte, où il indiquait notamment : « J’aimerais exprimer mes profonds regrets concernant les récents événements inacceptables survenus au sein de l’entreprise, qui ont érodé la confiance que vous nous accordez. Je vous promets que je continuerai à être un agent de changement positif, et non un protecteur du statu quo ».
Mais ce mea culpa n’a pas convaincu les actionnaires. La majorité d’entre eux ont voté pour qu’il quitte son poste, ainsi qu’un autre administrateur, Nobuyuki Kobayashi. Le conseil d’administration a nommé président l’ancien directeur général, Satoshi Tsunakawa.
Toshiba, une société stratégique pour l’Etat japonais, qui justifie les ingérences politiques
Pour sa part, Hiroshi Kajiyama, le ministre de l’Economie et du Commerce du Japon, mis en cause par l’enquête, n’a exprimé aucun regret. « En général, l’espoir est que la gouvernance d’entreprise puisse être améliorée grâce à des discussions avec les actionnaires et en même temps, nous nous employons à assurer la stabilité du développement des entreprises et des technologies qui sont importantes du point de vue de la sécurité nationale », a déclaré le ministre juste avant l’AG fatale à Osamu Nagayama.
Toshiba, même si elle est surtout connu en Occident pour ses produits de haute technologie, est en effet une entreprise stratégique pour l’Etat japonais, puisqu’elle produit notamment des équipements nucléaires et militaires. Ce changement à sa tête renforce cependant les rumeurs de rachat de l’entreprise, deux fonds de capital-investissement ayant fait des offres de reprise.