Le streaming sportif illégal créé un lourd manque à gagner pour le monde du sport. Pour lutter efficacement contre cette pratique, une récente étude de Synamedia analyse les pratiques et comportements des amateurs de sport qui ont recours au streaming illégal, notamment leurs « portes d’entrée » vers le piratage. Le football et des « sports de niche » semblent être les principales raisons de mettre le doigt dans cet engrenage.
Pour lutter efficacement contre une forme de piratage, il semble utile de la comprendre, et d’identifier la logique qui pousse les utilisateurs à choisir l’illégalité.
Le streaming sportif illégal : un manque à gagner mondial de 28 milliards de dollars
En matière de sport, le streaming sportif illégal (incluant l’IPTV) génère un manque à gagner estimé à 28 milliards de dollars dans le monde, chaque année. En France, le coût global du piratage (sport, films, séries…) est d’environ 1 milliard d’euros par an pour les écosystèmes de la culture et du sport, avec des conséquences très directes pour la pratique du sport amateur – financé, en bonne partie, par une taxe sur les revenus des droits audiovisuels.
La société Synamedia vient de publier une enquête, Pirate Gateways ; Assessing the sports most impacted by piracy, réalisée par Ampere Analysis, sur les pratiques des consommateurs de streaming sportif illégal, en particulier leurs « portes d’entrée » vers le piratage, à savoir l’événement sportif qui les a poussé à basculer, pour la première fois, vers l’illégalité.
Plus de la moitié des abonnés à des offres légales payantes piratent toujours…
L’étude porte sur les personnes se définissant comme « fans de sport ». Et elle révèle qu’au Royaume-Uni, 84% de ces fans ont regardé au moins un contenu piraté durant les 12 derniers mois. Plus étonnant encore : la plupart d’entre eux disposent par ailleurs d’au moins un abonnement à une offre payante de sport légale (télévision ou streaming) : 51% de ces abonnés regardent aussi des contenus piratés !
Synamedia souligne que l’analyse de la « porte d’entrée » vers le piratage est cruciale : en effet, de nombreux consommateurs testent le streaming illégal pour accéder à un contenu et à un sport précis, puis découvrent que de nombreux autres sports sont disponibles par ce biais.
Le football est la première « porte d’entrée » mondiale vers le piratage sportif
Une fois qu’il sait comment pirater, notamment grâce aux réseaux sociaux, un utilisateur a de grande chance de devenir un habitué du piratage – y compris en complément d’une offre d’abonnement légale.
Sans surprise, c’est le football qui créé le plus de vocations de pirates. 48% des utilisateurs de streaming sportif illégal dans le monde ont commencé par le football. Se tourner vers le piratage pour un événement ou une compétition ponctuelle conduit d’ailleurs souvent les fans de football à regarder ensuite d’autres compétitions illégalement.
« 38 % des fans dont la porte d’entrée était la Coupe du monde de la FIFA et 39 % la Ligue des champions de l’UEFA ont ensuite regardé la Premier League à partir d’une source pirate au cours des 12 derniers mois », souligne ainsi Simon Brydon, qui a piloté l’enquête pour Synamedia.
Des courses de chameaux à la Coupe du Monde de foot…
Ainsi, au Moyen-Orient, en Allemagne, en Italie ou au Brésil, les utilisateurs de streaming illégal ont commencé majoritairement par du football. Aux Etats-Unis, le football américain est la première « porte d’entrée », en Inde, c’est le cricket, en Malaisie le badminton.
Plus surprenant, le sport « porte d’entrée » numéro 1 au Royaume-Uni est… la boxe. Cela s’explique sans doute par un taux d’abonnement à une offre légale des fans de sport britanniques très élevé. Outre-Manche, les amateurs de sport payent, en majorité, pour voir leur sport et leurs équipes préférées. Mais ils peuvent se laisser tenter par le piratage pour un grand combat de boxe sur une chaîne à laquelle ils ne sont pas abonnés…
L’étude révèle d’ailleurs des mécaniques de piratage surprenante. Au Moyen-Orient, 50% des personnes qui ont commencé le piratage par les courses de chameaux ont ensuite regardé la Coupe du Monde de football en streaming illégal. Ceux dont le sport d’entrée est la Formule 1 piratent, par la suite, très nettement plus que les autres les tournois de tennis du Grand Chelem.
Pour une lutte contre le piratage « minutieuse, scientifique et fondée sur le renseignement »
Simon Brydon conclue en plaidant pour une lutte contre le piratage sportif « minutieuse, scientifique et fondée sur le renseignement, soutenue par un cadre juridique et réglementaire doté de la puissance nécessaire pour dissuader, détecter et perturber les pirates à chaque point de la chaîne de distribution vidéo ».
« En prêtant une attention particulière à la manière dont leur contenu est consommé illégalement à travers les générations et sur chaque marché, et en adoptant des approches et des solutions à la fois protectrices et proactives pour démotiver les pirates, les détenteurs de droits peuvent contribuer à colmater les fuites, à inciter les fans de sport à revenir vers les services légitimes grâce à une combinaison attrayante de modèles d’accès et de paiement », conclue l’analyste.