Le gouvernement allemand envisage d’interdire Telegram – alors que c’est illégal

Le gouvernement allemand envisage d’interdire Telegram – alors que c’est illégal
Réglementaire

La nouvelle ministre de l’intérieur allemande, Nancy Feaser, a déclaré qu’elle envisageait d’interdire l’utilisation de Telegram à cause de son utilisation par des groupes d’extrême-droite – une mesure contraire au droit européen

Ce n’est pas la première fois qu’un haut responsable politique évoque une potentielle mesure de régulation des nouvelles technologies parfaitement illégale. Dans une interview à l’hebdomadaire Die Zeit, la nouvelle ministre allemande de l’intérieur, Nancy Feaser, évoque l’utilisation accrue de Telegram par des groupes d’extrême-droite opposés aux restrictions liées à la pandémie de Covid-19.

La ministre allemande de l’Intérieur pense à interdire Telegram

Ces groupes ont été bannis ou bloqués des réseaux sociaux (YouTube, Twitter, Facebook, Instagram), en raison du contenu extrémiste qu’ils postaient, et ils se sont tournés vers la messagerie cryptée.

« Telegram devra peut-être être interdit s’il continue d’être populaire auprès des groupes d’extrême droite et que les personnes opposées aux restrictions liées à la pandémie continuent de violer la loi allemande », a ainsi déclaré la ministre. Elle précise même : « L’éteindre serait très grave et est clairement le dernier recours. Toutes les autres options doivent avoir été infructueuses au préalable ».

Une messagerie comme Telegram ne peut être tenue responsable des propos qui s’y échangent, car elle les ignore…

Or, elle semble ignorer que les échanges effectués sur une messagerie privée sont… privés. Le fait que la messagerie soit cryptée ne change rien à leur nature privée, au contraire. Si les réseaux sociaux sont tenus de supprimer les contenus illégaux qu’ils hébergent, car ces derniers peuvent être publics, ce n’est évidemment pas le cas d’un service d’échanges cryptés.

En vertu du droit européen, Telegram ne peut être tenu responsable de la teneur des échanges qui s’effectuent sur la messagerie, puisque le cryptage empêche à tout tiers d’y avoir accès, y compris les responsables de Telegram. La proposition de la ministre de l’Intérieur est donc aussi inapplicable qu’illégale.