L’association professionnelle américaine des salles de cinéma a explicitement proposé un accord à Netflix pour programmer plus largement ses films phares en exclusivité avant leur diffusion sur la plateforme. Pour son président, cette solution bénéficierait aux deux partenaires. Netflix envisage justement de modifier son modèle économique pour relancer sa croissance.
Et si la solution aux problèmes respectifs des salles de cinéma américaines et de Netflix était dans une union ? Durement touchée par les mesures de confinement et de fermetures des salles provoquées par la crise du Covid-19, la fréquentation des salles obscures américaines peine en effet à se relever.
Etats-Unis : les cinémas peinent à se relever, Netflix en crise de croissance
Certes, les recettes américaines des salles ont connu un joli rebond entre le 1er janvier et le 15 avril 2022, atteignant 1,5 milliard de dollars, cinq fois plus que sur la même période en 2021. Mais les chiffres restent en recul de 40 % par rapport à 2019. Adam Aron, le PDG d’AMC, le plus important circuit de salles aux Etats-Unis, n’espère un retour aux niveaux de 2019 que d’ici 2024.
De son coté, Netflix connaît la vraie première crise de croissance de son histoire. La plateforme a perdu 200 000 abonnés au premier trimestre 2022, et anticipe une nouvelle baisse de 2 millions d’abonnés pour le second semestre.
Face à cette érosion, Netflix envisage de changer un peu son modèle. La première option, privilégiée par le conseil d’administration de la plateforme, serait de proposer des offres à prix réduit, mais avec de la publicité. Pour autant, en brisant le principe de l’absence totale de publicité, qui fut le coup de force de la plateforme à ses débuts, Netflix ne risque-t-elle pas de perdre son âme ?
« Les portes des cinémas sont ouvertes aux films Netflix depuis des années »
L’autre option est de diffuser davantage ses gros films en salles. Pour l’heure, Netflix ne propose que des sorties au compte-goutte, dans quelques salles ou festivals, et uniquement pour ses films qu’elle veut présenter aux Oscars, car c’est une obligation légale.
Mais John Fithian, le patron de l’Association nationale des propriétaires de salles de spectacle américains (NATO), propose à la plateforme de SVOD d’aller beaucoup plus loin. « Les portes des cinémas sont ouvertes aux films Netflix depuis des années », a-t-il affirmé.
Il ajoute qu’il a eu « de nombreuses discussions » avec Ted Sarandos, co-PDG de Netflix, pour lui prouver qu’il pourrait « gagner plus d’argent en sortant ses meilleurs films d’abord en salles ».
Et en France ?
En France, qui connaît une dégringolade historique de la fréquentation en salles de cinéma, qui fragilise tout le secteur, diffuser des films produits par des plateformes de SVOD reste interdit.
Seule option : respecter la chronologie des médias, à savoir sortir le film en salle et attendre le délai légal (15 mois pour Netflix) pour pouvoir le diffuser en SVOD. C’est ce qu’on déjà fait Disney ou Warner avec certains de leurs blockbusters, comme Black Widow ou The Suicide Squad.