Fin mai 2022, l’ARCOM a tiré le bilan des premiers mois d’application de la nouvelle loi anti-piratage sur le streaming sportif illégal. Le blocage dynamique au niveau des FAI et les dispositifs contre les sites miroir ont prouvé leur efficacité : 400 sites ont été mis hors-ligne, et la consommation de contenus sportifs piratés est en chute libre.
Certes, la France n’a pas éradiqué le piratage sportif. Mais la nouvelle loi anti-piratage a permis, sur les premiers mois de 2022 (elle est entrée en vigueur au 1er janvier), de porter un coup sévère à l’écosystème du streaming sportif illégal.
La nouvelle loi sur le piratage permet de bloquer les sites pirates au niveau des FAI
Pour rappel, la principale nouvelle mesure est de permettre, suite à une décision de justice, le blocage dynamique auprès des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) d’un site reconnu proposant des images illicites d’une compétition sportive – et ce, pendant toute la durée de la compétition. Le blocage s’étend aux sites miroir sur une simple ordonnance judiciaire.
Cela signifie, par exemple, que quand les ayant-droits obtiennent un blocage de sites diffusant illégalement la Ligue 1, tous les sites visés seront bloqués au niveau des FAI jusqu’à la fin de la saison de Ligue 1.
Un blocage effectif pendant toute la durée d’une compétition sportive, et qui incluse les sites miroir
L’effet est double : l’ordonnance judiciaire installe le blocage dans le temps long et, en visant une compétition en particulier, elle bloque de nombreux sites diffusant plusieurs sports, et protège ainsi d’autres compétitions !
Il est ainsi bien possible que certains sites illégaux généralistes aient été visés par toutes les condamnations prononcées à ce jour, pour protéger respectivement la diffusion du Top 14 de rugby, celle de la Coupe d’Afrique des Nations de football , de la Ligue des Champions de football, de la Ligue 1 de football et de Rolland-Garros.
Fin mai 2022, l’ARCOM, la nouvelle autorité chapeautant la lutte contre le piratage, produit de la fusion de la HADOPI et du CSA, a tiré un premier bilan de cette nouvelle lutte contre le piratage sportif.
400 sites bloqués depuis le 1er janvier 2022
Pauline Blassel, directrice générale adjointe de l’ARCOM, a ainsi indiqué qu’entre les décisions de justice et les interventions sur les “sites miroirs”, environ 400 sites illicites ont été bloqués depuis janvier 2022. Ils représenteraient environ les trois-quarts de l’audience sportive illégale de France.
Elle ajoute que 1 200 sites supplémentaire, en liens directs avec le partage illicite de contenus sportifs, ont été fermés, le plus souvent parce qu’ils reprenaient sur leur plateforme les streams illégaux hébergés par d’autres sites.
Le piratage en baisse de 37 % en 3 mois, et de trois-quart entre février 2021 et février 2022
Ces mesures judiciaires ont eu logiquement un effet direct sur le visionnage de contenus piratés. L’ARCOM indique ainsi qu’entre janvier et mars 2022, l’audience sportive illicite a connu une baisse de 37 % en France.
Concernant la Ligue 1 et la Ligue 2, l’ARCOM a noté une baisse spectaculaire de 76 % entre 2021 et 2022 ! Pour la même raison, le piratage de la Ligue des Champions a chuté de 77 % entre les deux périodes.
Certes, d’autres facteurs peuvent expliquer cette baisse, les restrictions sanitaires plus lâches en 2022 qu’en 2021 jouent par exemple sans doute dans la consommation réduite de contenus piratés. Mais les fermetures et blocage de site ont assurément eu un rôle prépondérant dans cette chute massive du piratage.
Haro sur les « gros » sites de streaming sportif illégal !
L’ARCOM rappelle d’ailleurs que ce sont bien les plus gros sites illégaux qui sont visés en priorité. En 2017, les dix sites de streaming sportif illégal les plus populaires de France captaient ainsi 73 % de la consommation. Ce nombre est tombé à 34 % au premier trimestre 2022.
Cela signifie que le piratage recule, mais également qu’il se disperse sur un plus grand nombre de sites. Ce qui indique clairement une difficulté d’accéder aux plateformes de piratage les plus simples, qui impose de prendre plus de temps pour dénicher un stream pirate de qualité.
C’est là, d’ailleurs, le coeur de la stratégie des autorités : ce temps décourage de nombreux pirates en herbe… En parallèle, sur le front de l’IPTV, l’Association de lutte contre le piratage audiovisuel (ALPA) a indiqué qu’elle avait provoqué la fermeture de 38 services depuis le début d’année.