B3i, l’entreprise censée développer la blockchain dans l’assurance, dépose le bilan

B3i, l’entreprise censée développer la blockchain dans l’assurance, dépose le bilan
Innovation

Fin juillet 2022, le consortium international de 21 assureurs et réassureurs à l’origine de la société suisse B3i, qui devait développer des solutions basées sur la blockchain dans l’assurance, a annoncé son dépôt de bilan, incapable de trouver la rentabilité. Le début de la fin d’un eldorado ?

Les nuages s’amoncellent sur la blockchain. Hier encore technologie disruptive, mise à toutes les sauces et annoncée comme prête à révolutionner tous les secteurs de l’économie, notamment avec ses smart contrats (finance, commerce, assurance, énergie…), la blockchain se trouve à un moment-clé de son développement.

La blockchain n’a plus autant la côte qu’à la fin des années 2010…

Son principe technologique – créer une base de données décentalisée et en principe infalsifiable – demeure porteur, et pourrait trouver des champs d’application aussi nombreux qu’utiles.

Mais la puissance de calcul nécessaire à la création d’une chaîne de bloc complexe est une solide épine dans son pied, surtout dans un contexte de transition énergétique et de crise de l’accès à l’énergie en Occident.

Crypto Winter is coming…

La principale vitrine de la blockchain, l’écosystème crypto, est lui aussi au bord de la bascule, secoué par une crise rarement vue, baptisée « l’hiver crypto », qui provoque faillites, licenciements et krach en chaîne. NFT et crypto-monnaie voient leur valeur s’effondrer, et plusieurs spécialistes du secteur ont mis la clé sous la porte.

Sur le front des autres applications possibles de la blockchain, après l’effervescence de la fin des années 2010, le silence radio est de mise. La crise économique mondiale provoquée par le Covid-19, enchaînée par la crise énergétique actuelle, a remis de l’ordre dans les priorités des investisseurs.

Des investissements en berne

Miser sur une telle technologie, certes prometteuse, paraît désormais peu pertinent, dans la mesure où la blockchain n’apporte aucun service qu’une technologie plus ancienne ne peut fournir, elle les rend simplement plus sûrs et robustes.

Les vols à répétition qui ont touché le secteur crypto ces derniers mois n’ont sans doute pas aidé, non plus, à la réputation de la technologie, et ont pu participer à en détourner certains investisseurs.

B3i Services, censé développer la blockchain dans l’assurance, dépose le bilan

Les promesses de généralisation des smart contract dans le commerce, l’énergie, la finance sont restées lettres morte. Comme un symbole, le 28 juillet 2022, c’est l’assurance, secteur pourtant jugé le plus propice à la blockchain, qui a fini par jeter l’éponge.

Le consortium international de 21 assureurs et réassureur, qui avait créé la société suisse B3i Services pour développer des solutions basées sur la blockchain dans l’assurance, ont ainsi annoncé le dépôt de bilan de cette société.

Trois levées de fonds en 2018, 2019 et 2020 et… plus rien

Retour au début de l’histoire. En 2016, un consortium de 15 assureurs et réassureurs (dont (Allianz, Munich Re ou Swiss Re) se forme pour plancher à la blockchain. Il débouche sur la création, en 2018, de B3i Services. Dix autres acteurs du marché rejoignent ensuite le projet, dont Axa.

En 2018 et 2019, B3i avait réalisé deux levées de fonds, pour un total d’environ 23 millions d’euros. Le montant d’un troisième tour de table, en 2020, avait été tenu secret. Depuis, la société a lancé de nouvelles levées de fonds, toutes soldées par des échecs.

B3i développait des solutions d’automatisation des processus assurantiels avec la blockchain, pour les rendre plus efficaces, rapides et rentables, notamment via les smart contracts. Certaines technologies ont d’ailleurs été intégrées dans un produit de Swiss Re et d’Allianz en avril 2022.

« Peut-être qu’à un moment donné quelqu’un trouvera la bonne formule »

Malgré ces réussites, la rentabilité était trop loin. Et le consortium a préféré renoncer. « Je pense que c’était un travail de qualité, mais au bout du compte, nous n’avons pas estimé que les volumes et la demande justifiaient de continuer à investir dans cette plateforme », a indiqué le directeur financier de Swiss Re.

Pour ne pas clouer définitivement le cercueil de la blockchain dans le monde de l’assurance, il a ajouté : « Je crois que le concept demeure très intéressant pour le secteur. Peut-être qu’à un moment donné quelqu’un trouvera la bonne formule. Mais pour l’heure, avec cette plateforme, on n’allait pas trouver la rentabilité ».

Mieux disparaître pour revenir plus fort ? La blockchain nous prépare-t-elle un retour digne d’un méchant Marvel ? Pourquoi pas… Mais pour l’heure, nous ne miserions pas nos économies (surtout si elles sont en BitCoin) dessus…