Surprise : YouTube ne censure pas (tous) les propose haineux

Surprise : YouTube ne censure pas (tous) les propose haineux
Réglementaire

Un chercheur du cabinet d’analyse Bot Sentinel a plongé dans les méandres des chaînes YouTube ne vivant que sur des contenus haineux, encourageant au harcèlement contre des célébrités. La conclusion est bien évidemment inquiétante : YouTube n’en a censuré aucune, et elles continuent de rapporter beaucoup d’argent via la publicité…

La prévalence des discours clivants, haineux, violents, sexistes ou racistes sur les réseaux sociaux est déjà largement attesté par de nombreuses études.

Les chaînes YouTube encourageant à la haine et au harcèlement sont légion

Une récente analyse du cabinet Bot Sentinel prouve que la modération de YouTube laisse passer des contenus plus que problématiques, y compris quand ils sont signalés. Christopher Bouzy, fondateur du cabinet, s’est en effet penché sur des chaînes YouTube dont le fond de commerce est de critiquer certaines personnalités particulièrement exposées.

Il s’est concentré en particulier sur les cas de Meghan Markle, une actrice américaine, devenue membre de la famille royale britannique en épousant Harry de Sussex, et de l’actrice Amber Heard, ex-femme de Johnny Depp.

Le choix n’est pas anodin : le cabinet a délibérément choisi deux femmes qui se sont largement exprimé sur les effets dévastateurs du harcèlement en ligne sur leur santé mentale. De plus, YouTube interdit théoriquement les insultes ciblant des personnes célèbres ou identifiables, basées sur l’apparence de quelqu’un ou visant une catégorie de personnes.

Une myriade de chaînes n’ont qu’un objectif : dénigrer Meghan Markle

Or, Bot Sentinel a identifié 29 chaînes publiant du contenu blessant, diffamatoire, voire même menaçant à l’encontre de Meghan Markle. 80 % des titres des 30 000 vidéos de ces chaînes attaquent frontalement et explicitement la duchesse de Sussex. Pire : 94 % du contenu est composé de remarques négatives ou diffamatoires à son encontre.

A elles seules, les trois chaînes les plus suivies mentionnent le nom de Meghan Markle au moins 15 000 fois dans des vidéos qui ont reçu 76 millions de vues combinées.

Et non seulement YouTube n’interdit pas ces chaînes, mais l’ensemble de leur contenu demeure monétisé par des diffusions de publicités, particulièrement nombreuses. Au final, YouTube rémunère donc des appels à la haine et au harcèlement…

Amber Head également dans le viseur

Christopher Bouzy détaille également une autre chaîne, dont les 128 vidéos contiennent des remarques blessantes sur le corps d’Amber Head, ou des commentaires diffamatoires sur ses déclarions lors du procès qui l’a opposé à son ex-compagnon Johnny Depp. Toutes sont toujours en ligne actuellement.

Bot Sentinel a aussi identifié 22 chaînes d’actualité sur la famille royale anglaise, combinant 34 000 vidéos, qui ont reçu plus de 441 millions de vues, qui se contentent de réciter à l’oral des articles de presse existants, sans citer le plus souvent la moindre source, ni donc reverser le moindre centime aux auteurs originaux du texte. Soir une violation absolue du droit d’auteur.

Une modération inefficace et à géométrie variable

Christopher Bouzy indique qu’en la matière la modération de YouTube est, au mieux, terriblement inefficace, au pire complice. Il a en effet signalé ces différentes vidéos à YouTube, ou directement à Google. Sans aucun effet.

En revanche, moins d’une heure après la publication de multiples commentaires se plaignant de l’illégalité des contenus sur deux de ces vidéos, YouTube les avait supprimées, en expliquant qu’elles ne respectaient pas ses règles sur le harcèlement.

En rémunérant ces contenus, YouTube « facilite le harcèlement »

« Beaucoup des responsables de ces chaînes ne feraient pas ce qu’ils font si YouTube ne les récompensait pas. Et soyons clair ici, ils sont récompensés. Quand vous autorisez ces personnes à monétiser ce type de contenu, vous, la société qui les rémunère, facilitez le harcèlement », accuse Christopher Bouzy à Rolling Stones.

Cette affaire montre une fois encore les failles et les défaillances dans la modération des contenus sur les plateformes les plus populaires. Un état de fait particulièrement inquiétant dans un contexte où elles deviennent la source d’information la plus utilisées par de nombreux citoyens… Et que les conséquences peuvent être graves. Très graves.