Crise de YouTube, abandon de Stadia, retard dans le déploiement des véhicules autonomes, multiplication des enquêtes judiciaires, difficulté à trouver une solution de publicité ciblée post-cookies… Si Google reste une entreprise hautement rentable, avec une capacité d’investissement considérable, son avenir reste nébuleux, et donne la désagréable impression que la firme de Sundar Pichai ne sait pas vraiment où elle va.
Deux firmes, plus que tout autre, ont bâti leur empire numérique sur la collecte de données et la publicité ciblée : Meta (ex-Facebook) et Google. Aujourd’hui, ce modèle est de plus en plus remis en question.
Le bon vieux temps des cookies est bientôt fini
De plus en plus de pays encadrent désormais la collecte de données, et adoptent des lois protégeant la vie privée. Les navigateurs et moteurs de recherche sans cookies ni collecte de données gagnent en popularité. Google et YouTube ont ainsi fini par devoir accepter de simplifier le refus des cookies dans l’Union européenne.
Les procès pour entrave à la concurrence ou pour entente illégale se multiplient contre les deux géants du net, fragilisant un peu plus les bases de leur business. Certes, Meta et Google continuent d’engranger de juteux bénéfices tous les trimestres. Mais les deux firmes savent que ce modèle économique ne sera pas éternel. Et qu’elles doivent se réinventer pour durer.
Meta a une stratégie claire, Google beaucoup moins…
Du coté de Meta, la stratégie semble claire. Favoriser le rapprochement de ses différents réseaux sociaux et messageries (Facebook, Instagram, WhatsApp) pour créer des ponts, des synergies, un vrai écosystème. Et miser sur l’explosion de la réalité augmentée et virtuelle et sur le métavers.
Google, en revanche, semble empêtré dans ses choix stratégiques, et n’avoir aucune ligne directrice forte. Sur le front de la publicité en ligne, le groupe ne cesse de reporter la fin des cookies tiers sur Chrome (pourtant annoncé à grand renfort de communication), faute de trouver une alternative viable, même si Topics semble une solution prometteuse.
Waymo, un avenir radieux, mais qui s’éloigne
La diversification des activités de Google semble aussi en berne. Certes, Waymo reste le logiciel de conduite autonome le plus convaincant, mais son déploiement se heurte pour l’heure à des législations locales qui ne semblent pas pressées de voir se multiplier ce type de voitures.
Sur le long terme, il reste probable que Google pourra rafler, au moins en partie, la mise. Mais l’heure de la banalisation de cette technologie ne semble pas encore venue, les soubresauts mondiaux (Covid-19, changement climatique, crise énergétique…) l’éloignant des priorités des décideurs.
Stadia enterré en catimini, YouTube en crise
L’enterrement de Stadia, le service de cloud gaming de la firme, a eu lieu dans fleurs ni couronnes, et n’a étonné personne, tant Google n’a pas semblé motivé à s’imposer sur un marché qui lui tendait pourtant les bras.
YouTube n’est pas non plus au mieux. Délaissé par les jeunes générations, qui lui préfèrent TikTok, le réseau de partage de vidéos ne semble pas savoir quoi faire pour réagir. L’ajout des shorts n’a pas convaincu grand monde, pour l’heure.
Les créateurs désertent de plus en plus la plateforme, pour aller gambader sur Twitch ou TikTok. Google réagit en mettant en avant les vidéos acceptant toujours plus publicité, et en tentant de rendre plus attractif son abonnement payant YouTube Premium.
Le début d’un effritement pour l’entreprise la plus puissante du monde ?
Certains contenus en 4K pourraient ainsi être réservés aux rares personnes ayant souscrit cet abonnement, cher (11,99 euros par mois), et n’offrant pas grand-chose d’autres qu’une absence de publicité (ce que tous les AdBlocks du monde permettent facilement) et la possibilité de télécharger les vidéos (ce que de nombreux outils illégaux font en un quart de seconde).
Google semble vouloir pousser les utilisateurs à s’abonner, non en améliorant le contenu de l’offre payante (la firme a abandonné l’idée de créer des contenus exclusifs à YouTube Premium), mais en dégradant l’offre gratuite.
Non, décidément, rien ne semble aller du coté du géant du web. Cette fragilisation n’est-elle qu’une crise de croissance d’une des entreprises les plus puissantes du monde, ou s’agit-il des premiers signes d’effritement d’un empire ? L’avenir nous le dira…