Elon Musk prend le contrôle de Twitter, et commence son grand chambardement

Elon Musk prend le contrôle de Twitter, et commence son grand chambardement
Innovation

Ce jeudi 27 octobre 2022, à la veille de la date limite, Elon Musk a apporté les 44 milliards de dollars nécessaires au rachat de Twitter, qu’il va sortir de la Bourse. Il a déjà licencié le quatuor à la tête du réseau social, et envisage d’autres coupes franches dans les effectifs. Le milliardaire veut faire de Twitter un temple de la liberté d’expression, quitte à favoriser à nouveau les contenus les plus extrêmes et discutables, comme il l’a prouvé lui-même dès ce 30 octobre…

En avril 2022, Elon Musk dépose une offre publique d’achat de Twitter à hauteur de 44 milliards de dollars. Après une longue hésitation, le conseil d’administration du réseau social valide l’opération. Le milliardaire avait jusqu’au 28 octobre 2022 pour apporter les fonds et finaliser la vente.

A la veille de la date limite, Elon Musk « libère » Twitter avec 44 milliards de dollars

Dans le courant de l’été, Elon Musk suspend son offre de rachat, et tente manifestement de le faire annuler, au prétexte qu’il ne disposait pas d’informations fiables sur les faux comptes du réseau social. Le conseil d’administration le menaçait d’un procès (qu’il avait toutes les chances de perdre) si la vente n’était pas finalisé à temps.

Et, à la veille du gong, ce 27 octobre 2022, le milliardaire a mis les 44 milliards sur la table, et est devenu officiellement propriétaire du réseau social, qu’il va faire sortir de la Bourse pour en garder le contrôle.

Il a officialisé l’information d’un tweet : « L’oiseau est libre ». Elon Musk a en effet annoncé vouloir faire de Twitter un bastion de la liberté d’expression, au risque de propager davantage de contenus problématiques, incitant à la haine ou de désinformation.

Entre liberté d’expression totale et volonté de plaire aux marques

Il a d’ailleurs, symboliquement, réactivé le compte de Ye, plus connu sous le nom de Kanye West, banni pour des propos antisémites. Le retour de Donald Trump est également évoqué. L’ancien président a d’ailleurs salué le rachat d’un message sans ambiguïté : « Twitter est désormais entre de bonnes mains, et ne sera plus dirigé par les fous de la gauche radicale qui détestent véritablement notre pays ».

Pour autant, Musk sait qu’il doit rassurer les marques, qui rapportent l’essentiel des revenus du réseau social, et qui n’aiment pas être associées à un réseau social véhiculant la haine et la violence.

Elon Musk a ainsi déclaré qu’il est « important pour l’avenir de la civilisation d’avoir une place publique en ligne où une grande variété d’opinions peuvent débattre de façon saine, sans recourir à la violence », tout en expliquant qu’il voulait doter la plateforme d’un « conseil de modération des contenus avec des points de vue très divers ».

Licenciements en vue

Du coté des employés, les coupes franches ont commencé. A peine le rachat officialisé, Elon Musk a licencié le patron de Twitter, Parag Agrawal, ainsi que le directeur financier, Ned Segal, la responsable des affaires juridiques, Vijaya Gadde, et le directeur juridique, Sean Edgett.

Le milliardaire avait annoncé à des investisseurs, plus tôt dans l’année, qu’il comptait licencier 75 % des 7 500 employés de Twitter. S’il s’est montré rassurant face à ces derniers, affirmant que cette information était fausse, il préparerait, selon le Washington Post, un plan de licenciement de 25 % des effectifs.

Depuis l’annonce du rachat, environ 700 employés ont d’ailleurs déjà quitté le navire, « plutôt des départs volontaires, soit pour des raisons éthiques, soit pour des raisons bassement financières, parce qu’une entreprise non cotée, c’est moins intéressant », selon Adam Badawi, professeur de droit à l’université de Berkeley.

Le troll en chef de Twitter, Elon Musk, s’entendra-t-il bien avec le nouveau patron de Twitter Elon Musk ?

Reste qu’en matière de liberté d’expression totale, il n’a pas fallu attendre longtemps pour qu’un scandale explose. Suite à l’agression de Paul Pelosi, frappé à coup de marteau par un conspirationniste qui visait sa femme, la cheffe des Démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, Elon Musk s’est fendu d’un tweet plus qu’ambiguë, ce 30 octobre au matin : « Il y a une petite possibilité que les apparences soient trompeuses ».

Face au tollé, le tweet a été supprimé dans l’après-midi. L’ancien rapporteur spécial de l’ONU pour la liberté d’expression David Kaye a ironisé sur la situation, conseillant au « troll Elon » d’alerter « du retrait le chef de Twitter Elon ».

Pour autant, voir l’une des sources d’information politique les plus utilisées du monde entre les mains d’un milliardaire libertarien incontrôlable n’est pas forcément une très bonne nouvelle pour les démocraties.