Ce 16 novembre 2022, Europol et la police espagnole ont démantelé un vaste réseau de streaming illégal européen ; quelques jours après, BeIN Sport a obtenu deux ordonnances judiciaires pour bloquer des sites diffusant illégalement la Coupe du Monde de football. Alors que le piratage audiovisuel a connu une recrudescence en 2021, la riposte continue de s’organiser.
Une étude du cabinet d’analyse américain MUSO a récemment montré que le piratage audiovisuel avait connu une hausse de 12 % en 2021, poussé notamment par un émiettement de l’offre légale. Pour autant, la lutte contre ce type de piratage reste toujours aussi intense.
Europol et la police espagnole démantèlent un gang espagnol de streaming illégal
Ainsi, ce 16 novembre, Europol et la police espagnol ont annoncé avoir fait tomber un important réseau de streaming illégal de films et de séries, dont l’épicentre semble être Malaga, où ont été arrêté les quatre cerveaux supposés du business.
Ils distribuaient dans toute l’Europe, via un réseau de 95 revendeurs, plusieurs sites payants de streaming, proposant à des prix réduits un catalogue agglomérant celui de plusieurs plateformes, via des accès à 2 600 chaînes de télévision et 23 000 films et séries.
Trois millions d’euros blanchis chaque année
Leur techniques commerciales étaient bien huilées : les revendeurs leur achetaient des abonnements en gros, qu’ils revendaient ensuite sur le territoire au tarif de leur choix. Selon la police, les cerveaux de l’affaire blanchissaient ensuite l’argent ainsi gagné, à hauteur de 3 millions d’euros par an, via l’achat de biens meubles et de biens immobiliers dans la province de Malaga, et des transferts de fonds opaques vers des paradis fiscaux.
Lors des arrestations, les enquêteurs ont également pu déconnecter les panneaux d’administration contrôlant 32 serveurs situés en Espagne, aux Pays-Bas et en France. Ils ont également bloqué huit comptes bancaires, saisi 2 800 euros en espèce, du matériel informatique et deux véhicules dont la valeur est estimée à 180 000 euros.
Vu l’aspect tentaculaire du réseau mis en place, il est possible que d’autres arrestations suivent (voire soient en cours) dans les différents pays où le réseau cyber-criminel était en activité.
BeIN Sports obtient des ordonnances pour bloquer les sites diffusant illégalement la Coupe du Monde
Lutte contre le piratage, toujours : trois jours avant le début de la Coupe du Monde de football, qui se tient actuellement au Qatar, BeIN Sports a obtenu, comme l’y autorise la nouvelle loi anti-piratage entrée en vigueur en début d’année, deux ordonnances du tribunal judiciaire de Paris pour le blocage préventif de 22 sites de streaming et 7 adresses menant vers des services de télévision par Internet (IPTV).
« Nous avons mis en place des actions de monitoring, c’est une compétition très attractive, sur un temps court, il faut réagir très vite aux solutions des pirates », confirmait la secrétaire générale adjointe de BeIN Media Group, Caroline Guenneteau.
Blocage dynamique
La nouvelle loi permet en effet d’obtenir une telle ordonnance dynamique un peu avant le début d’une compétition sportive, qui reste valable durant toute la durée de la compétition, et permet également d’atteindre les sites miroirs ou les nouveaux entrants.
BeIN pourra donc « obtenir le blocage de toute adresse d’un site de streaming ou d’un service d’IPTV illégal qui n’aurait pas été listé dans les ordonnances et diffuserait la Coupe du monde », et ce jusqu’à la fin de la compétition, le 18 novembre 2022.
Une audience pirate divisée par deux depuis le début de l’année
Rappelons que toutes les ordonnances de blocage concernant des compétitions en cours sont toujours valables, et permettent de déconnecter tout site diffusant illégalement la Ligue 1 et la Ligue des Champions de football, ou le TOP14 de rugby.
Pour la F1, l’ordonnance s’est achevée avec le baisser de rideau du championnat du monde 2022, fin novembre, et les diffuseurs devraient en déposer une nouvelle peu après le début de la saison 2023. Ces différentes décisions judiciaires se cumulent donc, et une majorité des gros sites de streaming sont visés par plusieurs de ces ordonnances, ce qui permet d’éviter toute latence entre deux compétitions.
Ce nouvel arsenal législatif a fait ses preuves depuis début 2022, puisque 1 132 sites illicites ont été bloqués entre le 1er janvier et le 15 novembre par l’ARCOM, qui identifie aussi une audience de ces sites divisés par deux entre janvier et juin 2022.