L’avènement de l’ordinateur quantique n’a jamais semblé aussi proche. Alors que la start-up française Pasqal annonce une levée de fonds de 100 millions d’euros pour livrer des solutions quantiques aux industriels dès 2024, Docaposte annonce avoir doté son gestionnaire d’archivage numérique Arkhineo d’un mécanisme de sécurité résistant aux attaques quantiques.
La France ne veut pas louper le train de l’informatique quantique. Cette révolution technologique va permettre de développer des ordinateurs aux puissances de calcul démultipliées, certes réservées à des usages spécifiques (aucun intérêt d’avoir un PC quantique à la maison, par exemple), mais qui devraient profondément transformer de nombreux secteurs.
Pasqal, champion frenchy de l’ordinateur quantique, lève 100 millions d’euros
Et, dans cette course à l’ordinateur quantique, la France dispose de plusieurs champions potentiels. Aux cotés des start-up Alice & Bob, Qubit, Pharmaceuticals ou Siquance, la plus prometteuse est probablement Pasqal.
Cofondée par le récent prix Nobel de physique Alain Aspect, Pasqal fabrique des processeurs quantiques à atomes neutres. Sa fusion avec la jeune pousse néerlandaise Qu&Co, en janvier 2022, lui a donné les armes pour fournir à des industriels des solutions quantiques à 1 000 qubits dès 2024.
Pour tenir ces objectifs, la start-up a annoncé, en janvier 2023, une seconde levée de fonds de 100 millions d’euros. Menée par un nouvel investisseur, Temasek, le tour de table réunit le fonds du Conseil européen de l’innovation, Wa’ed Ventures, le fonds Large Venture de Bpifrance, et les investisseurs historiques de Pasqal – Quantonation, le Fonds Innovation Défense, Daphni et Eni Next et la branche capital-risque d’Eni.
Pasqal à l’assaut du monde
« Les ingénieurs de Pasqal ont transformé une recherche fondamentale de rayonnement mondial en un système facile d’utilisation susceptible d’apporter des avantages considérables au monde », a commenté Alain Aspect.
Cette somme devrait permettre à la jeune pousse de doubler son nombre de collaborateurs (une centaine actuellement), de doper sa R&D, tant sur les processeurs que sur les algorithmes, et de se développer à l’international, en Asie notamment.
L’informatique quantique met à mal la cryptographie
Mais si le quantique promet une révolution, il présente aussi des considérables risques en matière de cybercriminalité, notamment sur le front de la cryptographie. La majorité des systèmes cryptographiques actuels pourraient ainsi être cassés avec une facilité déconcertante par un ordinateur quantique lambda.
D’où la nécessité de basculer, dès que possible, dans de la cryptographie post-quantique. Le NIST a ainsi présenté, à l’été 2022, quatre algorithmes de chiffrement résistants aux attaques quantiques.
Docaposte garantit Arkhineo contre les attaques quantiques
C’est en s’appuyant sur l’un de ces algorithmes, dédié aux signatures, que Docaposte vient de doter sa filiale Arkhineo (rachetée à la Caisse des Dépôts en 2020) de « la première solution d’archivage électronique résistante aux attaques quantiques ».
Docaposte a ainsi assuré « la mise en œuvre, au sein de son système d’archivage électronique Arkhineo, d’un mécanisme de scellement d’archives et d’attestations de conservation capable de résister aux attaques d’ordinateurs quantiques ».
Un mécanisme de sécurité hybride
Docaposte utilise pour cela un mécanisme permettant de « fournir des preuves d’archivage de type hybrides, c’est-à-dire comprenant à la fois une preuve « pré-quantique » classique interprétable par les logiciels actuels, et intégrant également une preuve « post-quantique ». Le choix d’un mécanisme hybride est celui que conseille l’Anssi pour amorcer le virage post-quantique.
Cette preuve post-quantique développée par Docaposte « ne perturbera pas les outils de validation existants, mais viendra garantir la robustesse de la preuve lorsque les ordinateurs quantiques deviendront accessibles. La démonstration d’intégrité, d’antériorité et de traçabilité d’un document, de même que sa confidentialité, ne pourront ainsi pas être remises en cause », complète le groupe.