Une récente analyse de TrendMicro s’est penchée sur la place des femmes dans la cybercriminalité. Sans pouvoir avancer de statistiques précises, la chercheuse en cybersécurité Mayra Rosario Fuentes estime leur présence nettement sous-évalué par les autorités. Ce qui induit des enquêtes potentiellement moins efficaces.
Par défaut, la plupart des médias et experts en cybersécurité, quand ils évoquent une cyberattaque, désigne au masculin l’identité d’un cybercriminel anonyme. Cette tendance lourde pourrait être préjudiciable aux enquêtes, comme l’affirme un récent rapport de TrendMicro.
L’égalité des sexes dans le milieu de la cybercriminalité, vaste question soulevée par TrendMicro
Signé par la chercheuse Mayra Rosario Fuentes et baptisé L’égalité des sexes dans le milieu de la cybercriminalité, il se penche sur l’épineuse question de la présence féminine dans les milieux cybercriminels.
Mayra Rosario Fuentes souligne qu’aucune statistique ne permet d’évaluer le nombre de femmes dans ces milieux. Mais plusieurs indices laissent supposer qu’elles sont plus nombreuses que l’imaginent les expert(e)s cyber et les autorités. Elle rappelle d’abord que plusieurs cybercriminelles ont été identifiées et parfois arrêtées, preuve d’une présence bien réelle.
Le rapport souligne ensuite que les remarques sexistes sont bien moins présentes de nos jours dans les forums cybercriminels que voici une dizaine d’années. Au contraire, de nombreux participant(e)s se revendiquent comme étant de sexe féminin. Et, si elles sont très loin d’occuper tout l’espaces, les questions de genre sont parfois évoquées dans ces forums, sans provoquer de tollé.
« Le cybercrime est l’une des communautés en ligne les plus méritocratiques »
Plus généralement, les remarques sexistes se retrouvent surtout chez les cybercriminels peu confirmés. Elle disparaissent pratiquement des forums plus « professionnels ». Mayra Rosario Fuentes indique d’ailleurs n’avoir « trouvé aucune preuve qu’un acteur ait été empêché de participer à un rôle en raison de son sexe ».
Plus globalement, le rapport affirme que l’environnement cybercriminel s’avère être l’un des moins sexistes des milieux « en ligne » que TrendMicro a pu analyser. « Le cybercrime est l’une des communautés en ligne les plus méritocratiques, où les personnes ne sont appréciées qu’en fonction de leurs compétences et de leur expérience – et non de leur sexe – lorsqu’il s’agit de faire des affaires », écrit ainsi Mayra Rosario Fuentes.
30 % de femme dans les forums cybercriminels
TrendMicro a aussi voulu évaluer, via un analyseur de texte, le nombre de femmes postant dans deux forums cybercriminels de premier plan, XSS (russophone) et Hackforums (anglophone). Une proportion de 30 % a été trouvée, cohérente avec la part des femmes dans le secteur des « sciences, technologie, ingénierie et mathématiques », dont sont issus une majorité des experts cyber.
En conclusion, Mayra Rosario Fuentes recommande aux enquêteurs de se débarrasser de leurs « préjugés sexistes, qu’ils soient explicites ou implicites », et de laisser ouverte la possibilité que la personne responsable d’une cyberattaque soit une femme. Elle propose ainsi d’abandonner au maximum, comme le fait TrendMicro depuis des années, les pronoms masculins pour désigner les cybercriminel(le)s au profit de pluriels neutres.