Après l’annulation de son rachat par Nvidia, le concepteur britannique d’architectures de puces informatiques ARM devrait entrer en Bourse cette année. Dans cette optique, la firme a fermé, l’année dernière, son unité de recherche fondamentale. Des anciens employés ont récemment révélé que le but était de séduire les investisseurs, en se centrant sur la recherche débouchant sur des applications rapidement commercialisables. Un désaveu pour la brillante histoire d’ARM…
Recherche, innovation, nouveautés disruptives… Ce fut, pendant des années, et c’est encore largement, la force d’ARM. Le concepteur britannique d’architectures de puces électroniques (qui appartient au conglomérat japonais SoftBank) est un leader incontesté de son marché. La plupart des fondeurs utilisent ses architectures, en particulier pour leurs modèles les plus hauts de gamme.
ARM veut entrer en Bourse, et change pour cela de modèle économique…
Mais, malgré ses succès et sa respectabilité, l’entreprise est à la croisée des chemins. Et elle pourrait bien y perdre une partie de son âme. La tentative de vente à Nvidia, qui a été heureusement bloquée par les autorités de la concurrence, avait prouvé la volonté de SoftBank de se débarrasser d’un actif stratégique, de grande valeur, mais que la firme japonaise ne parvenait plus à piloter efficacement.
ARM devrait donc entrer en Bourse cette année. La firme a été inscrit au registre du NASDAQ ce 1er mai, et travaille à cette introduction. Mais le contexte économique morose, en particulier sur la tech, n’incite guère à l’optimisme sur la volonté des investisseurs de s’offrir des actions ARM.
Tout est donc bon pour les convaincre. L’entreprise a confirmé, en début d’année 2023, sa volonté de changer de modèle économique. Elle souhaite transférer le coût des licences des fondeurs aux fabricants d’appareils, en particulier de smartphones.
… et ferme sa division de recherche fondamentale, pour séduire les investisseurs
En 2022, la firme a aussi démantelé ARM Research, sa branche de recherche fondamentale, dans le cadre d’un plan de restructuration visant à se séparer de 15 % des employés.
Tout récemment, d’anciens salariés d’ARM ont révélé au Financial Times que ce choix était dicté par la volonté de réduire sa recherche spéculative sur l’avenir du secteur (qui est pourtant à la base de tous les succès du groupe), pour se concentrer sur des applications plus directement commercialisables. Un choix pour le court-terme, qui a été largement critiqué en interne et en externe.
Une stratégie court-termiste (et suicidaire ?)
Sous couvert d’anonymat, un cadre d’ARM a indiqué au Financial Times qu’ARM Research s’était mis à travailler sur des domaines qui n’avaient rien à voir avec son cœur de métier, sur des sujets peu pertinents pour la stratégie de l’entreprise.
La firme semble ne pas se rappeler que nombre d’innovations parmi les plus spectaculaires de l’histoire des technologies sont nées d’une recherche éloignée de toute application pratique, et qui n’avait souvent rien à voir avec ce champ d’application…