La start-up française Blade vient de livrer les premiers boitiers Shadow, ce PC haut de gamme par abonnement sur le cloud. Que propose exactement Blade, à quel tarif, avec quelle machine ? Est-ce rentable pour les gamers ou professionnels exigeants ?
Depuis le 20 mars, les 3 000 clients qui avaient réservé, en octobre, leur box Shadow ont été livrées et peuvent profiter de ce PC à distance. Shadow est la création de la start-up française Blade, créée en 2014 par quatre jeunes entrepreneurs, et qui emploie aujourd’hui une quinzaine de salariés. La start-up a levé cet automne 13 millions d’euros de financement auprès de particuliers liés à des sociétés numériques d’importance.
Une machine à distance, une première mondiale
Cette initiative est une première mondiale : profitant de l’amélioration des technologies de cloud et du développement des accès Internet par fibre, Blade propose un accès à distance à une machine complète à partir d’un petit boitier. Il s’agit d’un PC haut de gamme tournant sous Windows 10 : la première configuration proposée est un Intel Xeon 3 Core avec une NVIDIA GeForce GTX 1070, 12 Go de RAM et 256 Go de SSD. L’équipe de développement annonce que le processeur Intel Xeon est l’équivalent d’un Core i7.
Certaines ressources de la machine seront partagés, comme le CPU ou la mémoire vive, mais pour le reste, notamment la carte graphique et le stockage, les composants sont dédiés à chaque machine de chaque utilisateur. C’est également à l’utilisateur de gérer l’installation des programmes qu’il souhaite utiliser ou de protéger sa machine, par des antivirus notamment ; il est également responsable de tous les téléchargements effectués par cette machine – y compris les illégaux.
Quel boitier pour quelle connexion ?
La box en elle-même est un petit boitier disposant d’une connectique complète, ports Display, USB 3.0, USB 2.0 et Ethernet, Wifi, Bluetooth, entrée et sortie audio : cela permet d’y brancher écrans, espaces de stockage, accessoires (manette, souris, clavier, webcam…). Le boitier est équipé d’un AMD Merlin Falcon, un circuit de type SoC capable de traiter des flux vidéo HEVC (High Efficiency Video Coding) compatibles avec la norme H.265.
Pour profiter à plein de cette machine, il est préférable d’être équipé de la fibre FTTH ou de la fibre coaxiale de SFR et Bouygues Telecom, et avoir un affichage en 4k. Le Shadow fonctionne très bien sur de l’ADSL, mais sans bénéficier du 4k.
Quels utilisateurs pour quel tarif ?
Le PC « à distance » de Blade s’adresse en premier lieux aux gamers, qui souhaitent avoir toujours la machine la plus rapide et la plus efficace, notamment dans le traitement des flux vidéo. Mais on peut imaginer que des professionnels ayant besoin d’ordinateurs performants seront attiré par cette offre.
En terme de tarif, le boitier est gratuit, sans caution, et l’abonnement est fixé à 29,95 euros par mois pour un engagement d’un an, 34,95 euros pour six mois, 44,95 euros sans engagement. Concernant la rentabilité de Shadow, la configuration proposée est estimée entre 1 400 et 1 800 euros : on peut calculer que pour un utilisateur (gamer ou professionnel) changeant sa machine tous les trois ans ou moins, l’affaire est plus que rentable. Trois ans d’abonnement représente en effet 1 080 euros.
Détail qui a, aussi, son importance : le boitier Shadow permet de réaliser de substantielles économies d’énergie, puisque qu’il ne demande que 15 Watts pour fonctionner, contre 150 à 250 Watts pour une machine équivalente, soit une économie de près de 100 euros d’électricité par an.
Une réussite qui annonce une révolution ?
Pour l’heure, l’opération est une réussite, puisque que les 3 000 premiers abonnements ont trouvé facilement preneurs. Proposer un PC sur abonnement est une offre nouvelle, qui peut surprendre ou choquer les habitudes, il faudra du temps pour que le Shadow s’installe et s’impose. Blade devra aussi s’assure que ses serveurs et architectures soutiennent le rythme de centaines, voire de milliers, de connectés simultanément. Il faudra enfin, en cas de succès d’ampleur, développer la société et donc les serveurs locaux pour continuer à proposer des machines performantes partout où Blade voudra s’installer.
Beaucoup de défis en vue, mais on est en droit d’imaginer qu’un PC sur le cloud puisse être l’avenir des utilisateurs exigeants et, qui sait, de tous les utilisateurs, tant l’offre est économiquement intéressante, souple et adaptée à des habitudes transmedias en constante mutation. Et c’est peut-être une start-up française qui aura ouvert la voie à une révolution de nos pratiques connectées.