Au premier trimestre 2017 les investissements dans les start-up spécialisées dans la finance ont diminués au niveau mondial, mais augmenté en Europe : le continent bat son record d’investissement sur un trimestre et s’impose comme le numéro 1 mondial, avec notamment une explosion du capital-risque.
Le cabinet KPMG vient de publier son baromètre trimestriel sur les investissement dans les start-up spécialisées dans la finance (les fintech) : au niveau mondial 260 opérations ont été réalisées, pour un montant total de 3,2 milliards de dollars. C’est 23% de moins que le dernier trimestre de 2016, qui était lui-même en net recul par rapport aux second et troisième trimestre 2016, qui avaient dépassé respectivement les 13 et les 10 milliards de dollars en levées de fond, fusion ou acquisitions.
Un net recul en Asie et aux Etats-Unis, seulement temporaire ?
Cette tendance est particulièrement nette en Asie, où les opérations de ce type atteignent habituellement des sommes importantes, voire vertigineuses : seuls 400 millions de dollars ont été investis au premier trimestre, le plus bas niveau depuis l’année 2013. Aux Etats-Unis également les investissements reculent, malgré quelques deals d’importance, comme la levée de fonds de 452 millions de dollar de SoFi, une fintech de San Francisco, qui lui a permis de racheter Zenbank, une banque mobile, pour 100 millions de dollars.
Le cabinet KPMG se veut néanmoins rassurant : cette baisse est logique, après des investissements massifs les grandes sociétés et fonds d’investissement observent comment vont se matérialiser les progrès des start-up aidées avant de lancer dans une nouvelle phase active de soutien. « Fin 2015 et début 2016, des investissements colossaux ont été réalisés dans les fintech, les investisseurs attendent désormais des résultats qui pourraient se matérialiser soit par une plus grande internationalisation de ces sociétés, qui restent encore très concentrées sur leur géographie nationale, soit par des gages de rentabilité de certains modèles économiques», détaille Mikaël Ptachek, senior manager chez KPMG.
Ainsi, en Asie, le second trimestre 2017 sera boosté, on le sait déjà, par la levée de fonds record de 1,4 milliards de dollars, effectuée par Paytm, le spécialiste indien du paiement en ligne, auprès de l’opérateur japonais SoftBank.
Deux records d’investissement battus par l’Europe
Mais pour ce premier trimestre 2017, c’est clairement l’Europe qui tire son épingle du jeu. 880 millions de dollars ont été investis, un record pour le continent, soit plus d’un quart du total mondial, là encore un record. Les investissement par capital-risque (venture capital) ont boosté ce début d’années, puisque 660 millions ont été investi par ce biais, en 67 opérations.
Le Brexit n’a pas freiné les ardeurs des investisseurs, bien au contraire, puisque les fintech britanniques se taillent la part du lion : trois des deux levées de fonds supérieures à 100 millions de dollar viennent du Royaume-Uni, Atom Bank (103,6 millions) et Funding Circle (101 millions) ; la troisième est la start-up suédoise iZettle, créatrice d’un mini-TPE novateur, plus importante levée de fonds européenne cette année avec 175 millions de dollars.
Les prévisionnels pour les mois à venir, d’après KPMG, sont qui plus est excellents : « La perspective de l’entrée en vigueur de la deuxième directive sur les services de paiement en 2018 et ses opportunités commerciales va encourager les investissements et les prises de participations liées à l’open-banking, notamment chez les agrégateurs de comptes », explique ainsi Mikaël Ptachek.
La France multiplie par 5 ses investissements entre fin 2016 et début 2017
Si la France, considéré à raison comme un « Petit Poucet » de la fintech, ne présente aucune opération de grande envergure, elle a également battu son propre record, avec 50 millions investis en 14 opérations (contre 10 millions sur le quatrième trimestre 2016), dont 10 millions d’euros pour le site de crowdfunding immobilier Anaxago, 7 millions d’euros pour l’agrégateur de comptes Bankin, 5 millions pour le robot-advisor Yomoni.
En revanche, pour le second trimestre, le rachat par BNP-Paribas de Compte Nickel pour plus de 200 millions d’euros devrait se classer parmi les premiers deals européens, voire mondiaux.