L’événement était attendu par tous les fondus du code : fruit d’un travail commun de l’INRIA avec l’UNESCO, le projet Software Heritage, qui vise à collecter le maximum de codes sources d’un maximum de logiciels dans le monde entier, va enfin dévoiler au grand public sa base de données.
Il y a un peu plus d’un an, le 3 avril 2017, l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) et l’UNESCO avaient signé un accord sur la préservation des connaissances scientifiques et technologiques contenues dans les logiciels.
Pour un « accès universel au code source des logiciels »
Voulant favoriser « l’accès universel au code source des logiciels », cet accord s’appuyait sur Software Heritage, un projet de collecte et de préservation des logiciels de l’INRIA, qui ouvrait à cette occasion son site Internet. Une nouvelle étape, cruciale, vient d’être franchie : la base de données de ce projet, véritable bibliothèque du code source à travers les âges, vient d’être ouverte au public.
Dans le détail, l’INRIA, l’UNESCO et leurs différents partenaires se sont donné pour mission de collecter et référencer tout le code source publiquement disponible, pour le réunir dans une archive unique, au service de la société, de la science et de l’industrie.
Software Heritage : pour l’histoire et pour les développeurs
L’objectif est double. Il est d’abord historique, car conserver un logiciel qui a marqué son époque en accompagnant un progrès technologique ou une prouesse scientifique, c’est conserver l’architecture de ce progrès ou de cette prouesse, une trace comparable aux plans des premières machines industrielles.
Mais un tel projet est également pensé pour les développeurs : en leur offrant la possibilité de consulter des millions de logiciels à travers toute l’histoire de l’informatique, Software Heritage leur offre des bases solides pour créer de nouveaux logiciels.
Un archive universelle et pérenne
« Nous sommes très fiers de cette étape qui représente un travail considérable : tout le monde peut enfin consulter et télécharger les contenus de l’archive que nous construisons depuis trois ans. Il nous reste encore beaucoup à faire : trouver et archiver tous les codes sources que nous n’avons pas, généraliser le dépôt des codes scientifiques, ajouter des fonctionnalités pour rendre l’archive facile à utiliser pour tous les usages. Pour cela, nous avons besoin de nouveaux partenaires, et du soutien de tous » se félicite Roberto Di Cosmo, directeur du projet.
Software Heritage utilise une infrastructure distribuée, pour garantir la robustesse et la disponibilité de l’archive, partout dans le monde, à chaque instant. Le but est que cette archive soit à la fois universelle et pérenne.
Des partenaires de poids, 4 milliards de fichiers sources uniques !
Le projet a été développé avec des partenaires de poids, GAFA (Microsoft, Google), constructeurs hardware (Huawei, Nokia Bell Labs, Intel), spécialiste du dépôts de code source (GitHub, FOSSID), navigateur open source (Qwant) centres de recherches (Université de Bologne, Université du Québec à Montréal) ou banques (la Société générale).
Le projet contient aujourd’hui plus de 83 millions de projets logiciels, avec plus de quatre milliards de fichiers sources uniques, associés à tout l’historique de leur développement. Il s’agit d’ors et déjà, et de loin, de l’archive de codes sources la plus importantes du monde.
Pour vous plonger dans le code source de Mosaic, de Quake… ou d’Apollo 11 !
« Le projet Softwareheritage.org est une contribution décisive au travail que mène l’UNESCO en faveur du patrimoine. Il incarne des engagements qui sont au coeur de notre mandat : favoriser la libre circulation de l’information et de la culture et encourager les échanges intellectuels en faveur de la paix et du développement » a affirmé Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.
Avec l’ouverture de cette bibliothèque publique du code source, le grand public va pouvoir découvrir une infinité de programmes, dont certains qui ont marqué, à leur façon, l’histoire. Pour les curieux, vous pourrez vous plonger dans les codes source du navigateur Mosaic, qui fut le premier à s’imposer auprès du grand public, bien avant l’avènement de Google, du mythique jeu Quake III, ou, pour les férus d’histoire, dans celui du système de guidage d’Apollo 11…