Le 4 février 2020, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) a publié son dernier rapport sur le développement des stations expérimentales dédiées à 5G – 447 stations ont été autorisées dans l’Hexagone, portées notamment par le dynamisme d’Orange. Les premières offres commerciales 5G devraient être proposées fin 2020. Cette technologie promet une révolution technologique, mais suscite également de nombreux doutes.
La France poursuit son développement de la 5G, à son rythme. Certes en retard sur les pionniers chinois, coréens, et même sur les Etats-Unis ou l’Allemagne, la France devrait lancer commercialement la 5G d’ici la fin de l’année, à priori dans une dizaine de villes dans un premier temps.
447 stations expérimentales 5G en France, dont 75% pilotées par Orange
L’ANFR vient de publier son dernier pointage des stations expérimentales dédiées à la 5G sur le territoire français. En tout, l’agence a autorisé 447 stations à fonctionner : 75% du total est opéré par Orange (338 stations). Bouygues Telecom (62), SFR (38) et Free Mobile (9) se partagent les restes.
Autant dire qu’Orange a décidé de mettre le paquet sur cette technologie, et entend proposer les meilleurs premiers forfaits 5G disponibles. L’opérateur devrait d’ailleurs être en première ligne du très attendu appel d’offre sur les fréquences 5G : s’il paraît quasiment acquis que Free se contentera des fréquences garanties à chaque opérateur, Orange devrait, en toute logique, chercher à récupérer le maximum de fréquences autorisé par le format de l’appel d’offre.
De la 4G à la 5 G : des gains en débit et latence de l’ordre de 1 pour 10
L’ensemble des stations expérimentales pointées par l’ANFR concerne la bande dite des 3,5 GHz (fréquences comprises entre 3,4 et 3,8 GHz), qui fera l’objet de cet appel d’offre, et qui sera utilisée pour mettre en place les premiers réseaux 5G en France. La majorité de ces stations sont installées à Paris et en Île-de-France.
La 5G est un enjeu fondamental pour l’évolution des terminaux mobiles dans les années à venir. Car la rupture qu’elle représente avec la 4G est un gouffre, bien plus importante que le passage de la 3G à la 4G. Le gain en débit et en latence promet d’être considérable (de l’ordre d’un facteur 1 à 10), ouvrant la voix à de nouvelles applications, tant pour le grand public que pour l’industrie.
Révolution en vue pour le grand public et les pros
Pour le commun des mortels, petite liste des changements les plus marquants : les chargements de vidéo en très haute définition seront instantanés, les jeux vidéo les plus gourmands, y compris en cloud gaming, tourneront comme des horloges, les applications en réalité augmentée ou virtuelle deviendrons légion.
Coté professionnel, les véhicules autonomes, la e-santé (télémédecine, téléchirurgie, surveillance à distance), les applications smart city et l’automatisation industrielle devraient être les premiers secteurs bouleversés par cette technologie.
Doutes, inquiétudes, rapports et recours
Reste que les détracteurs de la 5G sont nombreux. Son impact sur la santé et sur l’environnement sont notamment mis en question : le manque d’études fiables sur le sujet inquiètent plusieurs associations, qui ont le sentiment que ce déploiement a été décidé, au niveau mondial, sans en mesurer les risques potentiels.
Fin janvier 2020, le gouvernement a ainsi missionné l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) pour évaluer les risques de la 5G sur la santé humaine, notamment à cause de l’augmentation de l’exposition aux ondes électromagnétiques – dont le caractère cancérogène continue de faire débat dans la communauté scientifique. Pour ne rien arranger, la bande de 3,5 GHz est celle dont les effets ont été les moins étudiés ! Mais le rapport de l’Anses n’est attendu que pour le premier trimestre 2021.
Fin janvier 2020 toujours, deux associations ont déposé un recours devant le Conseil d’Etat contre le déploiement de la 5G en France. Elles reprochent au gouvernement de lancer une nouvelle technologie « dans la plus grande précipitation, sans en mesurer les conséquences ». Pour elles, ce projet fait peser des risques « sur la santé, l’environnement, les libertés publiques ». Mais peu de chances (ou de risques) que ce recours arrête le train de la 5G, lancé à pleine vitesse partout dans le monde.