Dans les paroles des personnalités politiques, le confinement des populations est pensé comme une contrainte collective subie par la fameuse « troisième ligne » qui, si elle ne fait pas partie des personnels soignants ou de certains corps professionnels toujours en activité, contribue à ralentir la propagation du Covid-19 par une limitation quasi totale de ses contacts. Mais les conséquences du confinement sont individuelles et impactent plus particulièrement deux catégories de population particulièrement exposées : les personnes âgées isolées et les adolescents. Aussi, chez ces derniers, ces mesures exceptionnelles entraînent-elles, logiquement, un rebond de popularité pour les applications sociales, comme FaceTime, Yubo ou encore TikTok et WhatsApp.
Les effets psychologiques de la solitude désormais éprouvés
La littérature scientifique portant sur les conséquences de la solitude subie est riche d’enseignements dans cette période spéciale. Une large partie des fonctions cérébrales cognitives est en effet dévolue aux interactions sociales avec ses pairs. Et une solitude subie prolongée sur plusieurs semaines peut entraîner des complications relatives à des capacités « aussi importantes que le langage, le calcul, l’élaboration du soi, de sa personnalité, la reconnaissance des émotions chez les autres » selon Philippe Vernier, directeur de recherche à l’École des neurosciences de Paris. Des études menées dressent aussi ainsi un lien entre le stress et la solitude, cette dernière entraînant la génération de cortisol et d’adrénaline, deux hormones dédiées à la survie.
Si ces aspects concernent surtout la solitude subie sur une très longue durée, les potentiels impacts d’un confinement généralisé à plus de la moitié de l’Humanité apparaissent déjà. Car l’histoire a d’ores et déjà laissé quelques enseignements. Des études canadiennes indiquent que les personnes restées longtemps en quarantaine étaient ensuite sujettes à des stratégies d’évitement de la foule et du public. De même, le confinement pourrait encourager les comportements à risque pour les personnes soumises à une forte dépendance à l’alcool ou aux drogues. L’inquiétude est aussi forte pour toutes les personnes consultant, en France, des psychologues et des psychiatres afin d’être accompagnées au quotidien pour la gestion de leurs troubles psychiques. Une partie des professionnels est ainsi passée à la téléconsultation pour assurer un suivi de leur patientèle.
Si une large majorité des Français devraient avoir la capacité de reprendre, à la fin de cette épreuve, une vie tout à fait normale, beaucoup d’entre eux pourraient en subir des conséquences de long-terme. Pour les adolescents, le premier des risques est évidemment la dépression et ses conséquences néfastes sur la scolarité, le développement personnel ou encore l’humeur. Pour les personnes âgées, parfois partiellement dépendantes, les conséquences peuvent être encore plus dangereuses, avec des risques de dénutrition, de renoncement aux soins ou encore d’angoisse.
Yubo, FaceTime, WhatsApp : le boom des applications sociales
Les psychologues s’accordent pour affirmer que le maintien de liens sociaux est essentiel pendant toute la durée du confinement afin d’en amoindrir les effets. Même virtuels, ils constituent un atout précieux. C’est d’ailleurs l’un des outils préconisés par Patrica Mozdzan, psychologue clinicienne et psychologue, qui affirme que l’important est de « se voir ». Privilégier l’ensemble des applications avec une fonctionnalité vidéo, comme Messenger, WhatsApp ou encore le réseau social Yubo, plutôt que les simples appels téléphoniques.
Yubo, l’une des premières plateformes sociales 100 % française, a d’ailleurs connu une hausse exponentielle de la fréquentation de sa plateforme, selon son CEO et cofondateur Sacha Lazimi. « Depuis le début des mesures de confinement en France, nous comptabilisons d’ores et déjà 290 % de temps de live en plus, 300 % de streamers et plus de 60 % d’utilisateurs quotidiens », explique ainsi Sacha Lazimi. En effet, résolument tournée vers les jeunes, son cœur de cible, Yubo permet à ses utilisateurs de pallier les manques de relations sociales pendant toute la durée du confinement. Des conclusions partagées par l’ensemble des autres plateformes, selon les résultats d’une étude menée par l’institut Kantar à la fin du mois de mars. WhatsApp mesure ainsi une augmentation de 40 % de son utilisation, avec des pointes à 51 % pour certains pays en dernière phase pandémique. En Espagne, tous les records sont désormais battus, avec une utilisation en hausse de 76 %. À l’échelle mondiale, chez Facebook, la hausse de la fréquentation est de 45 %, 37,5 % chez Facebook Messenger, 44 % pour Instagram et 22 % pour TikTok. Fait intéressant, la hausse de la courbe d’utilisation suit la progression de la pandémie, signe que les internautes ont, à mesure que le confinement est mis en place ou durci, un besoin toujours plus fort de conserver leurs sociabilités avec leurs proches ou des inconnus.
Le confinement n’a donc, globalement, pas annihilé les relations sociales, mais a substitué provisoirement aux contacts physiques les sociabilités virtuelles, comme le prouve le rebond de popularité des plateformes sociales.