Mi-juillet 2021, au Portugal, la Police Judiciaire a démantelé un vaste réseau d’IPTV illégale, qui a conduit à l’arrestation de 9 personnes. Les opérations contre des réseaux de streaming illégal sont pourtant assez rares au Portugal, grâce à un très efficace contrôle du piratage au niveau des opérateurs télécoms.
Face au streaming illégal et au piratage audiovisuel, le Portugal dispose d’un arsenal législatif à la pointe. En 2015, le gouvernement fait ainsi voter une loi instituant un système de blocage des sites et services pirates directement au niveau des Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI), sans passer par un contrôle judiciaire.
Malgré la très efficace loi de blocages des sites pirates, en vigueur au Portugal, l’IPTV illégale s’y est implanté
Cette loi est distinguée en 2017 comme « meilleur dispositif mondial contre le piratage » par la Motion Pictures Association of America, l’organisation regroupant les six principaux studios de cinéma américain (à l’époque Paramount, Sony-Columbia, Universal, Walt Disney, Warner Bros et la Fox, remplacée par Netflix depuis son rachat par Disney). Ce dispositif assure au Portugal un taux de piratage parmi les plus faibles d’Europe.
Cela explique que les opérations de police visant les réseaux de piratage y soient plus rares qu’ailleurs. Mais la technologie de l’IPTV (très lucrative pour les réseaux mafieux qui la contrôlent souvent, et dangereuse pour ses utilisateurs) a réussi à s’y implanter. Et c’est donc au Portugal qu’a eu lieu le dernier coup de filet d’importance concernant ce type de piratage.
Pour rappel, entre 2020 et 2021, Eurojust a coordonné plusieurs opérations visant des réseaux criminels d’IPTV, notamment en Italie ou en Suisse.
Un préjudice estimé à 500 000 euros
Mi-juillet 2021, après une longue enquête commencée en 2019, la Police Judiciaire portugaise a donc réalisé un vaste coup de filet pour démanteler un réseau d’IPTV illégale. Les sources judiciaires n’ont pas révélé le service concerné par cette opération, mais des indiscrétions évoquent IPTV Do Sogro.
De même, les titulaires de droit à l’origine de la plainte n’ont pas été dévoilés, mais un fournisseur de télécommunication serait la principale victime de ce réseau. Le préjudice serait estimé à plus de 500 000 euros. Le service comptait plus d’un millier d’abonnés, pour des bénéfices atteignant 150 000 euros.
Treize perquisitions et neuf arrestations
Cette opération, menée par la Police Judiciaire, est le résultat de la coordination de plusieurs forces de police distinctes. Ainsi, l’Unité nationale de lutte contre la cybercriminalité et la criminalité technologique (UNC3T) a été soutenue par les directions de la police du Nord et du Sud du Portugal, l’Unité locale d’enquête criminelle d’Évora et l’Unité d’expertise en informatique (UPTI).
Ces différentes forces de police ont effectué 13 perquisitions lors de leur opération « coup de poing », à travers tout le pays, neuf dans des domiciles de particuliers, et quatre dans des locaux non destinés à l’habitation. Les policiers ont procédé à l’arrestation de neuf personnes, six hommes et trois femmes, âgés entre 35 et 55 ans, dont une en lien avec une possession illégale d’armes à feu.
Vaste saisie matérielle et financière
La Police Judiciaire a saisi sur place d’importants volumes de matériel, dont le contenu de six salles servant de serveurs au réseau criminel, et d’autres équipements informatiques permettant de faire fonctionner le service d’IPTV. En outre, les enquêteurs ont saisi plusieurs comptes bancaires, environ 8 000 euros en espèces, ainsi qu’une voiture.
Les personnes arrêtées devront répondre de plusieurs chefs d’accusation : fraude informatique, accès illégal à des contenus protégés, fraude fiscale, blanchiment d’argent et association de malfaiteurs. Les peines peuvent aller, pour chacun de ces délits, de un à cinq ans de prison.
L’Union Européenne à l’heure de la riposte face à l’IPTV illégale
Cette nouvelle opération montre la détermination des autorités des pays de l’Union Européenne à lutter contre les réseaux criminels d’IPTV illégale, pour protéger les écosystèmes locaux de l’audiovisuel et du sport, lourdement impactés par le piratage à grande échelle.