Déjà actionnaire de Twitter, Elon Musk, le patron de SpaceX et de Tesla, a lancé une OPA hostile sur le réseau social, qu’il entend sortir de la Bourse et transformer en un havre de la liberté d’expression totale. Le Conseil d’administration de Twitter tente de l’en empêche en proposant un mécanisme de rachat d’actions à prix réduit pour les actionnaires minoritaires.
Début avril 2022, Elon Musk est devenu le premier actionnaire de Twitter, en rachetant 9,2 % des parts du réseau social, sur lequel il est extrêmement actif (82 millions de followers). Parag Agrawal, CEO de Twitter depuis la prise de recul de son fondateur Jack Dorsey, a invité Elon Musk à rejoindre le conseil d’administration de Twitter, comptant faire du patron de Tesla et de SpaceX un allié. Les bonnes relations entre les deux hommes rendaient cette option réaliste.
Elon Musk lance une OPA sur Twitter
Mais, quelques jours après sa prise de participation, Musk annonçait son refus d’entrer au CA. Sans doute à cause d’une clause empêchant tout membre de ce conseil de posséder plus de 15 % des parts de Twitter.
Puis, ce 14 avril 2022, Elon Musk a rendu publique son intention de racheter les 90,8 % des parts de Twitter qu’il ne possède pas. Il a fait enregistrer une Offre Publique d’Achat (OPA) hostile devant la Securities and Exchange Commission (SEC), le régulateur de la Bourse aux Etats-Unis, pour un montant de 54,20 dollars par action. Soit une bonification de 38% par rapport au cours de clôture du titre le 1er avril, qui valorise le réseau social à 43 milliards d’euros.
Faire de Twitter « la plateforme de la liberté d’expression dans le monde »
Elon Musk veut prendre le contrôle de la majorité des parts de Twtter, et faire sortir le réseau social de la Bourse. Il a affirmé avoir les fonds nécessaires pour acheter la totalité des actions (sans doute via la vente d’actions de Tesla ou de SpaceX).
Elon Musk entend ensuite faire de Twitter « la plateforme de la liberté d’expression dans le monde », en limitant au maximum la modération. De quoi faire craindre pour l’avenir des contenus sur Twitter, qui pullule déjà de fake news, d’informations polarisantes et d’appels à la haine.
Pilule empoisonnée
Mais des obstacles se dressent déjà sur le chemin du milliardaire. Plusieurs actionnaires ont fait part de leur opposition à cette prise de contrôle, notamment un fonds venu d’Arabie Saoudite, et le CA entend tout faire pour la bloquer.
Ce lundi 18 avril 2022, la Conseil d’Administration de Twitter a ainsi activé la « pilule empoisonnée », une technique financière consistant à autoriser les actionnaires à racheter des nouveaux titres d’une entreprise à un prix réduit dès lors qu’un actionnaire dépasse, sans l’autorisation du CA, un certain pourcentage des parts de cette entreprise. Dans le cas de Twitter et d’Elon Musk, le seuil a été fixé à 15 %.
Cette « pilule empoisonnée » doit « réduire la possibilité qu’une entité, une personne ou un groupe ne prenne le contrôle de Twitter en accumulant des titres sur le marché sans payer à tous les actionnaires une prime appropriée ou sans donner suffisamment de temps au conseil d’administration pour prendre des décisions éclairées », défend Twitter dans un communiqué.
Plan B
Pour autant, cette manœuvre pourrait s’avérer insuffisante. D’une part parce que le CA d’une entreprise est censé agir pour l’intérêt des actionnaires, et cette pilule n’irait pas forcément dans le sens de cet intérêt – Elon Musk a d’ailleurs menacé de contester cette mesure devant la justice pour cette raison.
D’autre part parce qu’Elon Musk a laissé sous-entendre qu’en cas d’échec, il pourrait présenter une offre plus élevée encore – et donc encore plus difficile à repousser pour le CA. Enfin parce que le milliardaire a assuré disposer d’un « plan B » pour s’emparer de Twitter si l’OPA ne parvenait pas à son terme.