L’ACE, la puissante association mondiale de lutte contre le piratage, fédérant des géants de la télévision, du cinéma et du divertissement, a récemment accroché à son tableau de chasse une nouvelle fournée de sites de streaming et de services d’IPTV. Dans le même temps, en France, l’Arcom a signé un accord avec les opérateurs télécoms et l’APPS pour améliorer l’efficacité de sa lutte contre le piratage de contenus sportifs.
La nouvelle année n’a pas calmé les ardeurs des ayants-droits dans leur lutte acharnée contre le piratage des contenus audiovisuels. En France, l’Arcom, après une année 2022 bien remplie, notamment sur le front des contenus sportifs (1 299 sites illégaux bloqués), veut encore renforcer ses capacités d’action.
L’Arcom signe un accord avec les opérateurs télécoms et l’Association pour la Protection des Programmes Sportifs
Le gendarme des télécoms a ainsi annoncé, le 18 janvier 2023, la signature d’un accord avec la Fédération Française des Télécoms (la FFTélécoms, regroupant Orange, Bouygues Télécom et SFR), Iliad (Free) et l’Association pour la Protection des Programmes Sportifs (APPS).
Le but affiché est de renforcer la lutte contre les sites de streaming illégaux et, surtout, les boîtiers IPTV, qui restent relativement épargnés par la vague d’action de 2022, mais figurent en première ligne des objectifs pour 2023.
L’ACE lance une nouvelle vague d’enquêtes contre des pirates audiovisuels
Du coté des États-Unis, la très puissante ACE (Alliance for Creativity and Entertainment) a récemment multiplié les ouvertures d’enquête auprès du tribunal central de Californie contre des sites de téléchargement, de streaming, ou des services d’IPTV.
L’ACE regroupe tous les grands studios hollywoodiens, les géants de la SVOD (Amazon, Netflix) et des chaînes de télévision internationales (HBO, BeIn, Sky, Canal+…). Créée en 2017, elle est connue pour son acharnement et sa capacité à faire pression sur les pirates jusqu’à avoir leur peau. Elle dispose d’un service juridique d’une redoutable efficacité, et de moyens financiers conséquents.
600 domaines abattus depuis 2017, dont au moins 40 en décembre 2022
Même si l’association ne publie aucun chiffre ou statistique, une récente analyse de TorrentFreak monte que, « au cours du seul mois de décembre 2022, l’ACE a pu prendre le contrôle ou rendre inopérants plus de 40 domaines, voire plus de 50 ». Le site spécialisé estime que, depuis sa création, l’association aurait déconnecté plus de 600 domaines. Le mode opératoire final est toujours le même : les adresses visées affichent une bannière de saisie, et redirigent vers le site de l’ACE.
Parmi les services attaqués par la nouvelle vague d’enquêtes commandées par l’ACE, citons notamment la plateforme de streaming HDO Box, très populaire outre-Atlantique, ainsi que 40 autres services de streaming.
Un assignation vise en particulier des services d’IPTV : l’ACE demande ainsi au tribunal « d’obtenir les noms, adresses physiques, adresses IP, numéros de téléphone, adresses électroniques, informations de paiement, mises à jour de comptes et historiques de comptes des personnes à l’origine de deux sites Web IPTV ».
USTVGO, géant US de l’IPTV, fait ses adieux
Plus tard dans le mois de janvier, un bouquet IPTV particulièrement utilisé aux Etats-Unis, USTVGO, qui était sous le coup d’une plainte pour violation du droit d’auteur de plusieurs chaînes, a fermé ses portes, brutalement. Son site officiel porte cette seule mention « désolé, nous sommes fermés ».
USTVGO était l’un des plus grands portails IPTV situés aux États-Unis, il proposait pour des sommes modiques l’accès à une centaine de chaînes de télévision américaines payantes. Toutes ses URL alternatives sont tombées en même temps que lui.
Reste que, comme toujours quand une vague de fermeture frappe des sites illégaux, les ayants-droits sont loin d’avoir gagné la guerre. Le piratage est un être hybride, mi-phénix, mi-hydre de Lerne, et il ne cesse de se réinventer pour prendre de nouvelles formes. Même si, pour l’heure, l’avantage semble être aux ayants-droits, la bascule peut repartir tout aussi brutalement dans l’autre sens.